Les gardes à vue de quatre proches de Liliane Bettencourt, dont le photographe François-Marie Banier, ont été levées vendredi soir après environ 36 heures d'audition dans le cadre d'une enquête sur des soupçons d'évasion fiscale, a-t-on appris de source judiciaire.

M. Banier et Patrice de Maistre, principal gestionnaire de la fortune de la milliardaire héritière des cosmétiques L'Oréal, ainsi que l'avocat Fabrice Goguel et le gérant de l'îlot d'Arros (Seychelles), Carlos Vejarano, étaient entendus depuis jeudi matin par les policiers de la Brigade financière à Paris (BF).

L'enquête menée sous la direction du parquet de Nanterre porte sur le contenu des enregistrements clandestins de conversations entre Liliane Bettencourt et son entourage.

Me Goguel et MM. Banier et Vejarano ont quitté les locaux de la BF dans des véhicules séparés.

Aucune indication n'a été donnée de source judiciaire sur les suites de l'enquête et sur un éventuel défèrement des quatre hommes en vue de la désignation d'un juge d'instruction.

À l'issue de ces gardes à vue, plusieurs possibilités s'offrent au parquet : citer directement les quatre hommes devant le tribunal, ouvrir une information judiciaire confiée à un juge d'instruction en vue de leur mise en examen (inculpation), ou bien les remettre en liberté en attendant la suite des investigations.

Réalisés entre mai 2009 et mai 2010 au domicile de la milliardaire par son ancien majordome, les enregistrements pirates laissent supposer l'existence d'un blanchiment de fraude fiscale, notamment via l'île d'Arros, dont l'achat n'a pas été déclaré au fisc, et deux comptes en Suisse détenus par Mme Bettencourt.

Les «affaires Bettencourt», aux rebondissements et volets multiples, avaient démarré il y a plusieurs mois par une plainte de la fille de Mme Bettencourt, Françoise Bettencourt-Meyers, contre François-Marie Banier.

Mais ce conflit familial a pris depuis une autre ampleur, entre enregistrements pirates, présomptions d'évasion fiscale, accusations de financement politique illégal: ces affaires ont mis en difficulté le ministre du Travail Eric Woerth, longtemps ministre du Budget, et déstabilisé l'ensemble du gouvernement de Nicolas Sarkozy.

Gestionnaire discret de l'immense fortune de Liliane Bettencourt, estimée à 17 milliards d'euros (environ 23,2 milliards de dollars canadiens) Patrice de Maistre apparaît comme un personnage central, notamment par son rôle présumé dans une éventuelle évasion fiscale. Il a d'ailleurs reconnu fin juin dans un entretien l'existence de deux comptes en Suisse non déclarés d'une valeur de 78 millions d'euros (environ 107 millions de dollars canadiens).

Les gardes à vue et auditions des quatre proches de Mme Bettencourt représentent «un cap important puisque depuis des mois et des mois nous dénonçons les prédateurs qui entourent Liliane Bettencourt», a commenté Me Olivier Metzner, avocat de Françoise Bettencourt-Meyers qui accuse notamment le photographe d'avoir abusé de la faiblesse présumée de sa mère, âgée de 87 ans, pour se faire remettre près d'un milliard d'euros de dons (environ 1,4 milliard de dollars canadiens).