Le président serbe Boris Tadic a réitéré mardi à l'ONU l'opposition catégorique de son pays à l'indépendance du Kosovo et son appel aux États n'ayant pas encore reconnu cette indépendance à ne pas changer de position.

Dans un discours devant le Conseil de sécurité, M. Tadic a également dénoncé l'«acte terroriste flagrant» constitué selon lui par l'explosion vendredi d'un engin indéterminé dans la partie nord de Kosovska Mitrovica, dans le nord du Kosovo, dans laquelle un Serbe a été tué et onze autres ont été blessés.

Il a affirmé que cette explosion était «le résultat direct du choix délibéré fait par les provocateurs pour étendre au Kosovo-nord le champ d'influence des institutions parallèles nées de la déclaration unilatérale d'indépendance (UDI) et basées à Pristina.»

Selon lui, elle a été «provoquée délibérément afin d'accroître les tensions interethniques et saboter la recherche d'une paix globale».

L'explosion s'était produite peu après une manifestation de Serbes qui entendaient protester contre l'ouverture d'une représentation du gouvernement du Kosovo dans la partie nord de Kosovska Mitrovica, peuplée essentiellement de Serbes.

M. Tadic a «exhorté la communauté internationale à assurer que ce qui s'est passé vendredi ne se reproduise pas et que le bureau illégal de Mitrivica-nord reste fermé».

En réponse, le ministre des Affaires étrangères du Kosovo, Skender Hyseni, a affirmé que le gouvernement de Belgrade était derrière l'incident. Il a invité le président Tadic à ne pas se mêler des affaires des Serbes du Kosovo.

Le président du Kosovo, Fatmir Sejdiu, avait qualifié dès vendredi l'incident de «complètement inacceptable», affirmant que les institutions du Kosovo étaient attachées à créer un environnement pacifique, stable et sûr pour tous les citoyens, indépendamment de leur appartenance ethnique.

La ville de Kosovska Mitrovica est divisée en deux, avec les Serbes dans le nord et les Albanais dans le sud. Elle a été plusieurs fois le théâtre de vives tensions entre les deux communautés, séparées par la rivière Ibar.

Les autorités albanaises du Kosovo ont proclamé l'indépendance de la province de la Serbie en février 2008, mais les Serbes kosovars se réclament toujours de Belgrade.

La Serbie a obtenu que la Cour internationale de justice (CIJ) se prononce sur la légalité de cette proclamation d'indépendance. Pour Belgrade, le Kosovo reste sa province méridionale.

Réaffirmant que la Serbie est déterminée à trouver une solution pacifique au problème du statut du Kosovo, M. Tadic a «prié instamment tous les États n'ayant pas reconnu la déclaration unilatérale d'indépendance à garder la même attitude».

«Jamais, dans aucune circonstance, une direction démocratique en Serbie ne reconnaîtra, implicitement ou explicitement, la déclaration unilatérale d'indépendance» du Kosovo, a-t-il insisté.