La Belgique a pris jeudi le relais de l'Espagne pour présider pendant six mois l'Union européenne et l'aider à faire face à une grave crise économique, mais à un moment où son propre gouvernement est en sursis.

Le Premier ministre actuel, Yves Leterme, n'est chargé que de gérer les affaires courantes en attendant qu'une nouvelle coalition puisse être formée entre partis francophones et néerlandophones, suite au triomphe électoral des indépendantistes flamands en juin.

La nouvelle équipe ne devrait prendre au plus tôt ses fonction qu'en octobre, au beau milieu de la présidence, et avec très peu de temps pour se mettre à jour sur les dossiers.

Même si les autorités belges assurent que tout a été bien préparé, le ministre belge des Finances, Didier Reynders, a suggéré qu'il serait sans doute préférable pour la continuité dans l'UE de maintenir le gouvernement démissionnaire actuel jusqu'à la fin de l'année.

«Pour l'Europe il vaudrait mieux que ça continue comme cela» jusqu'en décembre, a-t-il dit dans une interview aux chaînes de télévision parlementaires françaises qui doit être diffusée jeudi soir.

«Mais je regarde aussi la situation en Belgique» et là «plus tôt il y aura un gouvernement en Belgique mieux c'est», a ajouté M. Reynders.

Dans ce contexte interne difficile, le royaume entend mener une présidence «modeste», manière de prendre ses distances avec l'Espagne qui avait vu grand au départ, avant de déchanter du fait de la crise économique.

Jeudi, une seule célébration est prévue: 500 Européens doivent former une chaîne dans un parc de Bruxelles pour porter une banderole européenne géante de 300 mètres de long.

La Belgique entend rester en retrait également pour mieux ancrer les nouvelles institutions européennes, censées donner un rôle de premier plan au président permanent de l'UE, Herman Van Rompuy, et à la chef de la diplomatie, Catherine Ashton.

La Belgique entend aussi accélérer les discussions sur la régulation financière et surtout faire avancer le gouvernement économique européen, via une «Convention» en octobre: M. Reynders souhaite y parler notamment d'impôts européens et de politique industrielle commune.

M. Reynders a parlé sur ce point d'«un objectif fort» dans son interview aux chaînes parlementaires, comparant ce projet à la Convention dite de Laeken lancée en 2001, lors de la précédente présidence belge de l'UE, pour réformer les institutions européennes et aboutir au traité de Lisbonne.