Des militants campent depuis huit semaines dans le quartier le plus touristique de Londres. Le maire Boris Johnson a obtenu hier la permission de les expulser. Mais une poignée d'irréductibles «villageois» jurent qu'ils ne partiront pas.

Les touristes explorant le quartier de Big Ben et de l'abbaye de Westminster ont droit à une nouvelle attraction ces jours-ci: le «village de la démocratie», à Parliament Square.

 

Des tentes et des banderoles colorées, plantées par des dizaines de pacifistes, détonnent avec le parlement juste en face.

«Nous voulons que nos soldats reviennent d'Afghanistan, explique Pete Phoenix, environnementaliste et squatteur. Cette guerre a pour but de construire un pipeline de gaz naturel qui traversera le pays.»

Or, le «village» sera rasé vendredi après-midi par les autorités. La Haute Cour de Londres a donné raison au maire Boris Johnson hier, qui s'insurge contre les dommages causés par cette «occupation».

«Les autres Londoniens ont aussi le droit de jouir de cet espace, qui est visité par des milliers de gens chaque jour», a répété le maire aux médias.

Le campement ne semblait pas déranger Suski Christophe, hier. Le touriste a photographié son fils devant l'inscription «Le capitalisme ne fonctionne pas, un autre monde est possible».

«J'aime bien! Moi aussi, je suis contre le capitalisme», a dit le Polonais, qui était à Londres pour le tournoi de tennis à Wimbledon.

Menaces de mort

Les campeurs se sont organisés avec une efficacité militaire. Ils se nourrissent de produits périmés des supermarchés. Des latrines écologiques servent de cabinets d'aisance. Un vélo branché à une batterie d'automobile permet même de recharger les téléphones et ordinateurs portables.

Un vent de zizanie souffle cependant sur le village. «Des sans-abri avec des problèmes psychologiques se sont joints à nous il y a quelques semaines, dit Gareth Newnham, 31 ans, qui s'est fait arrêter plusieurs fois pour ses actions pacifistes. Il y a eu des incidents violents. J'ai même reçu des menaces de mort.»

Un autre militant, Brian Haw, qui est devenu une célébrité à force de protester dans le même square depuis 2001, croit que ses voisins sont en réalité des agents secrets britanniques.

«Ce sont des acteurs», répète aux journalistes le sosie de Clint Eastwood, la peau cuivrée par le soleil.

Malgré l'éviction de vendredi, plusieurs manifestants veulent rester, coûte que coûte.

«Nous faisons une différence dans la vie des gens, dit Quentin Cross, d'origine irlandaise. Hier, un homme vêtu d'un noeud papillon et d'une redingote a discuté avec nous. Il est reparti avec le sourire aux lèvres.»