Un jeune interpellé de façon musclée pour avoir insulté le président français Nicolas Sarkozy, en visite dans une banlieue chaude du nord-ouest de Paris, a été condamné vendredi à 35 heures de travaux d'intérêt général par un tribunal de la région parisienne.

Le jeune homme âgé de 21 ans, poursuivi pour «outrage», avait lancé, selon les propos rapportés à l'audience et qu'il a reconnus: «Va te faire enculer, connard, ici t'es chez moi».

Mais cet incident a créé aussi un début de polémique car un cameraman de la chaîne publique de télévision France 3 a raconté avoir été giflé par un agent en civil alors qu'il voulait filmer l'arrestation du jeune homme mercredi soir.

Au cours de l'audience, le procureur du tribunal de Bobigny avait requis 210 heures de travaux d'intérêt général. L'accusé risquait une peine maximum de 6 mois de prison et une amende pouvant atteindre 7 500 euros.

Son interpellation par la police avait été violente. Il a été blessé, des blessures suffisantes pour qu'un médecin lui prescrive neuf jours d'incapacité totale de travail.

Il souffre d'ecchymoses mais n'a pas de fractures, a-t-on indiqué de source judiciaire. Mais selon son avocate, Me Saïma Rasool, il «a la tête défigurée, un oedème au niveau du visage, le nez amoché, des pansements» et «ne va pas du tout bien».

«Il n'y avait pas lieu à menottage, à plaquer au sol la personne», a estimé l'avocate.

 La police a également vivement réagi quand un journaliste a tenté de filmer la scène.

«J'étais là par hasard, sur un tout autre sujet», a expliqué le cameraman de France 3, Pierre Lassus, lorsqu'avec son équipe il a vu Nicolas Sarkozy sortir d'un commissariat et un jeune qui l'insultait se faire arrêter.

«Quand le service d'ordre de Nicolas Sarkozy l'a arrêté, j'ai essayé de filmer mais nous n'avons pas pu. L'un des hommes s'est alors approché de moi et m'a claqué directement, en disant on ne filme pas», selon le cameraman.

Un syndicat de France Télévisions a décidé de porter plainte «pour atteinte à la liberté de la presse» et de saisir le ministre de l'Intérieur pour qu'une enquête interne à la police soit diligentée.

Pour sa part, le Parti socialiste, principal parti d'opposition, a demandé «qu'une enquête puisse faire la lumière sur les pratiques policières à l'occasion des déplacements présidentiels».

M. Sarkozy était accompagné du ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux au cours de cette visite nocturne dans des quartiers sensibles, qui n'avait pas été annoncée à la presse.

Il était notamment retourné dans une cité qu'il avait promis de «nettoyer» au «Kärcher» il y a cinq ans, en juin 2005, alors qu'il était ministre de l'Intérieur, après la mort d'un enfant tué par une balle perdue.