Un attentat à la bombe contre un autocar transportant des militaires a tué trois soldats et une adolescente, mardi matin à Istanbul, une attaque attribuée aux rebelles kurdes qui avaient menacé il y a quelques jours d'attaquer les grandes villes de Turquie.

Trois militaires et une jeune fille de 17 ans, la fille d'un militaire, ont été tués et douze autres personnes blessées, a déclaré le premier ministre Recep Tayyip Erdogan à Ankara, devant les parlementaires du parti gouvernemental de la Justice et du développement (AKP).

Il a accusé «l'organisation terroriste», dénomination officielle du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit), d'en être responsable.

L'attentat survenu à Halkali, une banlieue où vivent des militaires sur la rive européenne de la métropole, a visé un autocar civil transportant des soldats qui se rendaient à leur travail.

Une bombe placée sur la chaussée et télécommandée en est la cause, a déclaré le gouverneur d'Istanbul, H-seyin Avni Mutlu.

Les vitres de l'autocar, très endommagé, ont été soufflées et la soute à bagages éventrée par la déflagration, a constaté un photographe de l'AFP.

La technique des bombes activées à distance est souvent utilisée par le PKK dans le sud-est, théâtre des combats entre rebelles et forces régulières.

Le PKK avait menacé lors du week-end de s'en prendre à «toutes les villes de Turquie». Le mouvement a multiplié les attaques contre les forces de sécurité ces derniers mois, dans le sud-est du pays.

Le chef d'état-major, le général Ilker Basbug, s'est rendu au chevet des  blessés et a inspecté les lieux de l'attentat.

«Nous n'allons pas céder au langage de la violence», a affirmé le premier ministre au Parlement, estimant que le PKK se trouvait dans «un tunnel sans issue».

Il a balayé les critiques de l'opposition, qui accuse le gouvernement d'être responsable de la recrudescence de la violence, du fait de son projet «d'ouverture» politique à la communauté kurde, qui représente environ 15 millions des 73 millions d'habitants de la Turquie.

«Ceux qui pensent que le projet démocratique est terminé se trompent», a-t-il dit, et d'assurer: «Nous ne renoncerons pas à la démocratie, en dépit de toutes les provocations».

L'«ouverture démocratique», annoncée l'an dernier pour octroyer plus de droits aux Kurdes, a fait long feu. Et elle a été balayée par la dissolution par la justice du principal parti pro-kurde, puis une campagne d'arrestations.

Le 8 juin, 15 personnes avaient été blessées dans l'explosion d'une bombe à Istanbul alors que passait un véhicule de la police. L'attentat n'avait pas été revendiqué, mais les autorités avaient soupçonné la rébellion kurde.

Le PKK, une organisation terroriste selon Ankara et bon nombre de pays, mène une lutte armée séparatiste depuis 1984 contre les forces turques dans le sud-est, une zone kurde, mais a aussi visé par le passé des grandes villes et des stations balnéaires de l'ouest.

Le mouvement a mené ce week-end une série d'attaques qui ont tué 12 soldats dans le sud-est. Et les rebelles ont tué lundi un treizième militaire à Silvan (sud-est).

Sept rebelles ont été tués dans ces combats à Silvan et dans un autre incident à G-m-shane (nord), a annoncé mardi l'armée.

L'aviation turque a répliqué samedi en menant un raid contre les caches du PKK dans le nord de l'Irak.

L'armée turque a également effectué une incursion terrestre en Irak dans la nuit de samedi à dimanche, tuant quatre personnes, selon les autorités irakiennes. Cette incursion, la deuxième en cinq jours, n'a pas été confirmée par l'armée turque.