Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne sont parvenus lundi à un accord de principe pour ouvrir des négociations en vue d'une entrée de l'Islande dans l'UE, a annoncé le chef de la diplomatie espagnole Miguel Angel Moratinos.

La décision doit encore être formalisée jeudi par les dirigeants européens réunis en sommet à Bruxelles, mais «il y a un accord de principe pour ouvrir des négociations d'adhésion avec l'Islande», a indiqué M. Moratinos, dont le pays occupe la présidence tournante de l'UE, lors d'un point presse.

L'octroi du statut de candidat à l'Islande avait déjà été recommandé fin février par la Commission européenne et attendait depuis un aval des États européens.

Bruxelles avait alors estimé que l'Islande était déjà à un stade suffisamment avancé de préparation, dans les domaines politique, économique et législatif pour justifier d'aller de l'avant.

Reykjavik a dit dans le passé espérer entrer dans l'UE à l'horizon 2012. L'Islande, membre de l'espace sans frontières Schengen et de l'Espace économique européen, applique déjà près des trois quarts des lois européennes nécessaires pour une adhésion, ce qui va accélérer le processus par rapport à d'autres pays candidats.

L'île avait déposé en juillet 2009 une demande de candidature à l'UE dans l'espoir de stabiliser son économie malmenée par la crise de 2008, et d'adhérer à la zone euro.

Mais les relations de l'Islande avec l'UE avaient été compliquées par le conflit entre l'Islande d'un côté, et les Pays-Bas et le Royaume-Uni de l'autre, concernant l'indemnisation des clients britanniques et néerlandais d'une banque islandaise, Icesave, qui a été prise en charge par Londres et La Haye.

Britanniques et Néerlandais ont finalement levé leurs réserves pour permettre la décision d'octroyer le statut de candidat à l'Islande, pour laquelle l'unanimité des 27 États européens est requise.

La Commission européenne avait également, dans sa recommandation de fin février, relevé des domaines où des progrès seront nécessaires. Elle a notamment fait part de ses «inquiétudes» quant à «l'indépendance effective du pouvoir judiciaire, en particulier en ce qui concerne la procédure de nomination des magistrats», ainsi que des «possibles conflits d'intérêt dans la vie publique islandaise, tels que des liens étroits entre la classe politique et le monde des affaires».

Par ailleurs, de «sérieux efforts» vont être nécessaires en matière d'agriculture et de développement rural, ainsi que d'environnement, avait alors estimé la Commission.

L'interdiction de la chasse à la baleine, que l'Islande souhaite abolir et que l'UE défend devrait compliquer les négociations avec l'UE.

Enfin, l'accès des pêcheurs européens aux zones exclusives de pêche islandaises risque de faire également l'objet d'âpres négociations.