Le parti de gauche du Premier ministre Robert Fico est arrivé en tête des législatives slovaques, mais sa coalition, au pouvoir depuis 2006, a perdu sa majorité au profit de l'opposition de centre-droit, selon les résultats du scrutin organisé samedi en Slovaquie.

Malgré ce revers, le chef du gouvernement sortant a déclaré qu'il tenterait de former un gouvernement de coalition.

Le SMER social-démocrate (SMER-SD, gauche) de Robert Fico a obtenu 34,8% des suffrages et 62 des 150 sièges de la chambre unique du Parlement, selon les résultats communiqués dimanche matin par le Bureau des Statistiques après dépouillement des bulletins dans les 5.929 bureaux de vote du pays.

Son partenaire, l'ultranationaliste parti national slovaque (SNS) de Jan Slota, décroche neuf sièges avec 5,1% des suffrages. Mais le dernier membre de la coalition, le Mouvement pour une Slovaquie démocratie (HZDS) de Vladimir Meciar, n'a pas réussi à passer le seuil des 5% des voix requis pour être représenté au Parlement. Ce résultat sonne comme la fin possible de la carrière politique de l'ex-Premier ministre aux tendances autoritaires qui avait provoqué l'isolement de la Slovaquie dans les années 90.

Robert Fico a néanmoins qualifié de «succès absolu» ce résultat, qui lui donne le droit de former un gouvernement. «Je suis absolument satisfait du résultat», «si nous échouons, nous respecterons un gouvernement de droite et nous constituerons une opposition tenace», a déclaré le Premier ministre sortant, qui s'était engagé à ne pas rogner sur la politique sociale, au moment où plusieurs pays européens adoptent des mesures d'austérité.

De leur côté, les trois partis d'opposition, et un parti hongrois, ont décroché une majorité de 79 sièges au sein du Parlement. Ils formeront une coalition gouvernementale si Robert Fico ne parvient pas à gagner le soutien d'une des formations.

Le principal parti d'opposition, l'Union chrétienne et démocrate slovaque-parti démocrate (SDKU-DS), emmenée par Iveta Radicova, est arrivé deuxième avec 15,4% des voix, soit 28 sièges. Les réformes économiques engagées par ce parti avaient permis à la Slovaquie d'intégrer l'Union européenne et l'OTAN.

«Les citoyens de Slovaquie ont voté pour la responsabilité», s'est félicitée Iveta Radicova qui a annoncé aussitôt que les négociations avec les autres partis de centre-droit commenceraient dès dimanche pour tenter de former un gouvernement. Elle pourrait devenir la première femme à accéder au poste de Premier ministre.

L'opposition promet d'améliorer le climat pour les entrepreneurs, de créer de nouveaux emplois, réduire le déficit et combattre la corruption.

La participation a atteint 58,8%, un taux supérieur au scrutin de 2006 quand 54,7% des électeurs s'étaient déplacés aux urnes.

Le président Ivan Gasparovic, qui nomme le Premier ministre, a fait savoir qu'il respectait les résultats du scrutin et demanderait à Robert Fico, dirigeant du parti le plus fort au Parlement, de se charger de créer un nouveau gouvernement. «C'est une tradition à laquelle j'aimerais me conformer», a précisé M. Gasparovic, soulignant sans plus de détails qu'il rencontrerait M. Fico dans un jour ou deux.

Malgré le déficit croissant du pays, les tensions avec la Hongrie avaient dominé la campagne électorale. Budapest a décidé le mois dernier de faciliter l'accès à la nationalité hongroise pour les ressortissants d'origine hongroise des pays voisins. Qualifiant la double nationalité de risque pour la sécurité, la Slovaquie, qui compte quelque 520 000 habitants d'origine hongroise, avait riposté avec une loi permettant aux autorités de priver de leur nationalité slovaque ceux qui acquièrent la nationalité hongroise.