Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) a condamné jeudi deux Serbes de Bosnie à la prison à perpétuité pour génocide lors du massacre de 8 000 hommes et garçons musulmans dans l'enclave de Srebrenica en 1995. C'est le jugement le plus sévère jamais rendu par le TPIY pour des crimes commis durant la guerre en Bosnie (1992-95).

Ex-officiers de haut rang dans l'armée bosno-serbe, Vujadin Popovic et Ljubisa Beara ont été reconnus coupables de génocide, extermination, meurtre et persécution. Cinq autres anciens responsables de l'armée et de la police bosno-serbes ont écopé de peines de prison pour des crimes commis dans les enclaves de Srebrenica et Zepa, dans l'est de la Bosnie.

Le TPIY a ainsi condamné Drago Nikolic à 35 ans de prison pour avoir aidé et encouragé le génocide, l'extermination, le meurtre et la persécution; Radivoje Miletic à 19 ans de prison pour meurtre, persécution et actes inhumains; Ljubomir Borovcanin à 17 ans de prison pour avoir aidé et encouragé l'extermination, le meurtre, la persécution, le déplacement forcé, et pour meurtre; Vinko Pandurevic à 13 ans pour avoir aidé et encouragé le meurtre, la persécution, et les actes inhumains; et Milan Gvero à 5 ans pour persécution et actes inhumains.

Ce procès est le plus vaste jamais conduit par le TPIY, fondé en 1993. Son issue pourrait influer indirectement sur le procès de l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, qui s'est ouvert l'an dernier à La Haye. Figure clé de la guerre en Bosnie, Karadzic est également accusé de génocide pour le massacre de Srebrenica.

Dans leur verdict jeudi, les juges ont estimé que les crimes les plus graves des accusés avaient été commis en vertu d'une directive de Karadzic appelant à créer «une situation insupportable d'insécurité totale sans aucun espoir de survie» pour la population de Srebrenica.

Natasa Kandic, militante des droits de l'Homme qui a enquêté sur les crimes de guerre dans les Balkans, estime que les jugements rendus jeudi sont «extrêmement importants» pour le procès de Radovan Karadzic et les futurs procès contre des suspects de rang inférieur. «Tous les faits établis par le tribunal sont importants pour ces procès», a-t-elle déclaré à Belgrade.

Le TPIY a estimé que Popovic, chef de la sécurité de la Drina, avait organisé l'exécution de prisonniers dans une école à Orahovac. ôô(Il) savait que le but n'était pas simplement de tuer ceux qui étaient tombés entre les mains des forces bosno-serbes, mais de tuer le plus de personnes possible», souligne le verdict. Selon les juges, sa «participation active» a montré qu'il partageait la volonté de détruire la communauté musulmane de Bosnie, un critère clé pour une condamnation pour génocide.

L'autre condamné à la perpétuité, Beara, a coordonné le meurtre de prisonniers musulmans et organisé les fosses communes, selon le TPIY. Il «était résolu à détruire un groupe en tuant tous ses membres qui se trouvaient à sa portée», précise le jugement.

Le TPIY n'avait auparavant reconnu coupable de génocide qu'un seul accusé: le général Radislav Kristic. Mais ce verdict de 2001 avait été cassé en appel et le chef d'inculpation rétrogradé en aide et incitation au génocide.