La Russie était passionnée jeudi par une chasse à l'homme mobilisant des centaines de policiers, des blindés et même des chars en Extrême-Orient russe pour appréhender un groupe armé responsable d'attaques contre la police, qui est discréditée par de nombreux scandales.

Après une première journée mercredi à la recherche du groupe, les autorités russes ont annoncé jeudi l'arrestation d'une personne liée au commando qui aurait tué un policier et blessé trois autres agents au cours d'attaques menées depuis la fin mai dans la région du Littoral.

«Le 10 juin 2010, au cours d'une opération spéciale menée dans la région du Littoral, on a arrêté un des membres du groupe criminel soupçonné d'avoir attaqué des agents de la police», a indiqué le comité d'enquête du parquet dans un communiqué.

Selon la chaîne télévisée Rossiya-24, l'opération «Voulkan», lancée jeudi pour appréhender la bande armée, mobilise des centaines de policiers, des hélicoptères ainsi que des chars et des blindés qui ont été déployés sur plusieurs axes routiers de la région.

«En suivant les chiens policiers, la police a découvert un véritable camp d'entraînement avec des armes et des munitions», rapporte aussi la chaîne, qui dit que les suspects ont pris le maquis, se cachant dans la forêt.

Ils seraient au moins cinq: un vétéran d'une unité de parachutistes, un déserteur des forces spéciales et trois personnes issues de groupuscules ultranationalistes. Mais le quotidien officiel Rossiïskaïa Gazeta fait état de rumeurs selon lesquelles cette bande regrouperait 30 membres.

La presse spéculait aussi sur les motivations des assaillants. Pour la plupart des titres, il s'agirait d'opérations pour punir les forces de l'ordre, très mal vues en Russie en raison de nombreux scandales de corruption, de meurtres et de falsification de preuve, qui ont poussé le président russe, Dmitri Medvedev, à ordonner une refonte de la police.

«Les policiers de la région ont reçu des lettres exigeant qu'ils luttent contre le corruption dans leurs rangs» avant le début des attaques, assure Rossiïskaïa Gazeta.

«Selon le sondage d'une radio très populaire (en Extrême-Orient), 30% des gens considèrent que les "partisans du Littoral" sont des bandits, et pour 70% ce sont Robin de Bois», rapporte le quotidien populaire Moskovskii Komsomolets.

«L'internet déborde d'admiration pour les partisans, et surtout le Camarade M, comme on y appelle (le chef du groupe Roman) Mouromtsev», écrit, outré, le journal Komsomolskaïa Pravda.

Dans un message sur l'internet attribué à cet ex-officier parachutiste, ce dernier appelle ceux ayant «encore une conscience et de l'honneur» à le rejoindre. «Nous menons déjà une lutte armée pour tuer ces sales créatures corrompues», y proclame-t-il.

«Nous allons à la lutte armée en étant conscient que nous allons mourir à la fin d'un combat inégal», poursuit-il dans ce billet aux relents ultranationalistes et antisémites, qui dénonce notamment «le fascisme juif».

Sur Internet, il a déjà de nombreux fans: «Une idée qui me plaît aujourd'hui: cinq personnes paralysent toute une région, qu'est-ce que ce serait avec une centaine de combattants?», se réjouit boris_yekemenko sur la plate-forme de blogs livejounal.

«Le comandant Mouromtsev attaque les flics et les organes administratifs, donc il n'est pas un bandit, c'est un résistant!», estime encore rifleman_sa.

Le groupe serait responsable de trois attaques. La première a eu lieu dans un commissariat fin mai et s'est soldée par la mort d'un policier. Trois autres agents ont été blessés dans les jours suivants, lorsque leurs véhicules ont été visés par des tirs au cours de deux attaques séparées.