«D'abord le confédéralisme, ensuite l'indépendance». Galvanisés par une victoire annoncée aux législatives du 13 juin, les indépendantistes flamands réclament la fin d'une Belgique qu'ils estiment à bout de souffle et dominée par les francophones.

Dimanche, près de 1 500 militants de la Nouvelle Alliance flamande (N-VA), la formation «nationaliste et démocratique» occupent les sièges de velours rouge d'un théâtre du centre de Gand (nord) pour un dernier meeting.

À une semaine du scrutin les mines sont réjouies: la formation est donnée gagnante en Flandre dans les sondages avec jusqu'à 26% des suffrages. Du jamais vu pour un parti prônant l'indépendance de la région néerlandophone du nord du royaume. Le précédent record remonte à 1971, avec 19% pour la Volksunie.

Dans le théâtre, les étendards jaunes frappés du lion noir flamand s'agitent, au milieu de bannières étoilées aux couleurs de l'Union européenne. En revanche, rien ne rappelle le drapeau noir-jaune rouge, symbole de la Belgique depuis l'indépendance arrachée aux Hollandais en 1830.

«Nous n'avons pas encore gagné, l'establishment belge ne va pas nous faire de cadeaux», met en garde Siegfried Bracke, journaliste vedette en Flandre passé récemment dans les rangs de la N-VA.

«Nous tendons la main aux francophones pour un projet confédéral, mais il est écrit dans les étoiles que la Flandre sera un État indépendant en Europe. Cela ce fera sans drame, mais c'est dans la nature des choses», ajoute-t-il.

«J'espère que c'est la fin de la Belgique, parce que j'en ai marre de n'être qu'un Flamand en Belgique», explique Auguste Smeyers, un retraité venu d'Alost, pour applaudir le président de la NV-A, Bart De Wever, et ses troupes.

Passé de quelque 4% des voix en Flandre en 2007, lorsqu'il s'était présenté aux élections en alliance avec les chrétiens-démocrates flamands d'Yves Leterme, la N-VA est le phénomène de cette campagne anticipée, causé par la chute fin avril du gouvernement d'Yves Leterme après trois ans de querelles incessantes entre partis flamands et francophones.

Bart De Wever, 39 ans, a réussi à imposer le thème du «confédéralisme». L'idée, désormais partagée par presque tous les partis en Flandre, est de transférer encore plus de pouvoirs, notamment économiques, à la Flandre et à la Wallonie, l'État central ne conservant que quelques compétences comme la défense ou les affaires étrangères.

Le système fédéral mis en place depuis 40 ans, qui organise déjà une large décentralisation du pouvoir, «a échoué», martèle Bart De Wever.

«Le pays est bloqué. Sur des points très importants, comme l'immigration, le budget ou la réforme de la Justice, les Flamands et les francophones ne parviennent plus à s'entendre», déclare à l'AFP le président de la N-VA.

«Il faut inverser la logique. Que la Flandre et la Wallonie fassent ensemble ce qu'elles ont envie de faire ensemble, et qu'elles fassent seules les choses où il n'y a pas d'accord possible», ajoute-t-il.

Bart De Wever affirme par ailleurs ne pas viser le poste de premier ministre fédéral. La N-VA pourrait se joindre à une coalition gouvernementale, à condition cependant que les francophones s'engagent eux aussi dans la voie confédérale.

«Ce que Bart De Wever veut profondément, je n'en ai rien à faire. S'il est séparatiste, c'est son problème, mais ce sera sans moi», a déjà averti l'un des leaders francophones, le libéral Didier Reynders, laissant augurer de longs mois de négociations pour former un gouvernement belge.