La Pologne a rendu publiques mardi les conversations en cabine qui ont précédé l'accident d'avion dans lequel le président polonais Lech Kaczynski, son épouse, et 94 autres hauts dignitaires du pays ont trouvé la mort le 10 avril. L'enregistrement révèle que les pilotes ont décidé d'atterrir dans un brouillard épais malgré les mises en garde des autorités aériennes russes.

Une transcription des 39 dernières minutes du vol montre également que le système d'alerte de l'avion a averti les pilotes deux minutes avant l'accident du Tupolev 154 près de Smolensk, dans l'ouest de la Russie, que le terrain était accidenté, et leur a demandé à plusieurs reprises de remonter. Des instructions que les pilotes n'ont pas suivies à temps.

Lorsque le fuselage de l'avion a heurté un arbre, ce qui a provoqué sa chute, les pilotes ont crié et juré. Ce sont les dernières informations enregistrées par les boîtes noires.

Les autorités polonaises et russes n'ont pas encore tiré de conclusions définitives sur les causes de l'accident, mais les éléments recueillis jusqu'ici accréditent la thèse d'une erreur de pilotage et de mauvaises conditions météorologiques. Les enregistrements des boîtes noires semblent corroborer cette théorie.

Le gouvernement du Premier ministre Donald Tusk a rendu publiques les dernières minutes des conversations en cabine afin de couper court aux spéculations sur les causes de l'accident et aux théories du complot apparues dans les journaux.

L'opinion polonaise s'interroge sur le fait de savoir si les pilotes ont tenté un atterrissage risqué sous la pression du président Kaczynski, qui était attendu pour les cérémonies du 70e anniversaire du massacre de Katyn, où 22 000 officiers polonais furent exécutés par la police secrète de Staline en 1940.

Les enregistrements n'apportent pas de réponse définitive à cette question, mais ils révèlent que les pilotes ont informé le chef du protocole diplomatique, Mariusz Kazana, environ 15 minutes avant le crash, qu'ils pourraient ne pas être en mesure d'atterrir. M. Kazana a alors déclaré: «Eh bien, nous avons donc un problème.» Quelques minutes plus tard, M. Kazana précise: «Il n'y a pas encore de décision du président sur ce qu'il convient de faire.»

La transcription montre que les pilotes ont communiqué avec l'équipage d'un avion transportant des journalistes polonais qui avait atterri un peu plus tôt à l'aéroport de Smolensk. Ils ont discuté de l'épais brouillard, l'équipage de l'avion qui s'était posé déclarant que la situation s'était dégradée mais que l'appareil présidentiel pouvait tenter d'atterrir.