La chancelière allemande Angela Merkel est prête à accueillir des détenus de Guantanamo alors que l'Allemagne avait refusé l'an dernier de répondre favorablement à des demandes américaines en ce sens, affirme samedi l'hebdomadaire allemand Focus.

Le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière, a indiqué lors d'une réunion le 17 mai à Berlin avec des responsables chrétiens-démocrates qu'Angela Merkel souhaitait «qu'on aide les Américains», rapporte le magazine. Cela signifie que l'Allemagne devrait accueillir au moins un des trois détenus proposés par les États-Unis, ajoute le magazine.

Selon l'hebdomadaire Spiegel, les trois détenus sont un Syrien, un Palestinien et un Jordanien.

M. de Maizière prépare avec les responsables de la ville-État de Hambourg et de la région du Brandebourg des mesures pour faciliter le retour à une vie normale de ces détenus qui ont passé plusieurs années dans la prison sur la base navale américaine de Guantanamo, sur l'île de Cuba, poursuit Focus.

Les autorités allemandes voudraient les aider dans leurs démarches pour trouver un logement et un emploi, ajoute le magazine, alors que beaucoup s'inquiètent des conséquences psychologiques des longues années de détention à Guantanamo sur ces prisonniers.

Plusieurs responsables régionaux allemands ont manifesté leur opposition à l'accueil d'anciens prisonniers tant que les États-Unis ne les laisseraient pas entrer sur leur territoire, selon la même source.

Le ministère de l'Intérieur a des doutes sur l'opportunité d'accueillir Ahmed Mahamoud al Shurfa, 34 ans, arrêté en Afghanistan en 2001 après avoir participé à un entraînement dans un camp d'Al-Qaeda.

Berlin avait refusé en juin 2009 de recevoir deux anciens détenus après avoir déjà rejeté une demande pour prendre en charge des Ouïghours, communauté musulmane chinoise.

Les dossiers des deux détenus avaient été présentés au ministère des Affaires étrangères mais celui-ci avait jugé que les informations fournies n'étaient pas suffisantes pour déterminer si ces détenus présentaient un danger en cas d'accueil en Allemagne.

Lors de son entrée en fonction, le président américain Barack Obama avait fixé à janvier 2010 la date butoir pour la fermeture du centre de détention controversé de Guantanamo mais il a ensuite renoncé à cette échéance.

Les États-Unis s'efforcent de vider peu à peu cette prison, ouverte en 2002. Début mai, ils étaient encore 181 détenus contre 240 lors de la prise de fonction d'Obama début 2009.