Protocole immuable et «nouvelles politiques» : la reine a dévoilé en grande pompe mardi le programme du nouveau gouvernement britannique, visant à réduire une vaste dette publique et à «redonner le pouvoir aux citoyens» grâce notamment à une réforme politique radicale.

«Le programme législatif de mon gouvernement sera basé sur les principes de la liberté, de l'équité et de la responsabilité», a déclaré Elizabeth II sur le ton monocorde qui sied à l'occasion, afin de souligner la neutralité de la souveraine.

Comme le veut une tradition remontant à 1536, le discours est prononcé avec un grand faste devant les deux chambres du Parlement réunies (Lords et Communes). Convoyée en carrosse doré depuis le palais de Buckingham, la reine s'assied sur le trône des Lords, coiffée de sa couronne ornée de plus de 3000 pierres précieuses.

Le «discours du trône», écrit par le gouvernement, marque l'ouverture officielle du Parlement de Westminster. Il présente le programme législatif pour la session à venir, issu des compromis qu'ont dû faire les conservateurs (droite) et les libéraux-démocrates (centre-gauche) après leur mariage improbable pour former le premier gouvernement de coalition britannique depuis la Seconde guerre mondiale. Le texte sera à ce titre passé à la loupe par chacun des partis, à la recherche des concessions accordées ou arrachées.

Parmi la vingtaine de projets de loi du gouvernement emmené par le Premier ministre conservateur David Cameron, figurent en premier lieu la «réduction du déficit et la restauration de la croissance économique», a précisé la souveraine.

Telle une piqûre de rappel, de nouveaux chiffres sont venus confirmer ce mardi la fragilité de la reprise: la croissance est réduite à un maigre 0,3% au premier trimestre.

«Des actions seront prises afin d'accélérer la réduction du déficit budgétaire», a promis la monarque. Le déficit public britannique est un des plus élevés en Europe, dépassant les 11% du Produit intérieur brut (PIB).

Fidèle au programme d'austérité déjà en partie annoncé lundi, avec une première tranche d'économies de 6,2 milliards de livres (7,2 mds d'euros), la reine a annoncé une réduction des «dépenses de la bureaucratie».

Le discours, qui a duré moins de dix minutes, est avare de détails. Il faudra pour cela attendre la présentation du budget le 22 juin.

Fidèle à la volonté de «redonner le pouvoir aux citoyens», slogan favori du vice-Premier ministre libéral Nick Clegg, ce discours du trône «donne aux gens leur mot à dire dans la manière de gérer leur vie», a-t-il déclaré sur la BBC avant l'intervention royale.

Confirmant une réforme politique annoncée comme «radicale», la reine a indiqué que le Premier ministre se verra retirer le droit de convoquer des législatives quand bon lui semble, le mandat des députés étant fixé à cinq ans. La chambre des Lords, où les membres sont actuellement nommés, sera «totalement ou en partie élue» selon la représentation proportionnelle. Un référendum sera de plus tenu sur le remplacement de l'actuel mode de scrutin uninominal majoritaire, jugé inique par les Lib Dems, par le vote alternatif.

Les citoyens pourront démettre leur député coupable de «grave méfait». Un scandale lié aux remboursements abusifs de notes de frais de certains parlementaires avait secoué l'an dernier l'ensemble de la classe politique.

La population sera de plus consultée par référendum sur tout nouveau transfert de pouvoir à Bruxelles, une promesse fidèle à l'euroscepticisme des conservateurs qui fait difficilement ménage avec l'europhilie avérée des Lib Dems.

Autre concession lâchée par les Lib Dems: une loi fixera un plafonnement du nombre d'immigrés non ressortissants de l'UE, tandis que les libéraux plaidaient pour une régularisation des clandestins.