En pleine crise de la dette dans la zone euro, le président français Nicolas Sarkozy a cherché jeudi à démontrer son engagement à lutter contre les déficits, en se prononçant pour l'inscription dans la Constitution d'un objectif de retour à l'équilibre des finances publiques.

«Le redressement des finances publiques ne doit pas être l'engagement d'un gouvernement mais de la Nation (...) C'est pourquoi je souhaite la mise en oeuvre d'une réforme constitutionnelle», a déclaré Nicolas Sarkozy en concluant une conférence sur les déficits, tenue jeudi au palais de l'Elysée.

«Cette réforme ferait obligation à chaque gouvernement issu des urnes de s'engager pour cinq ans sur une trajectoire de déficit. Chaque gouvernement devrait simultanément s'engager sur la date à laquelle l'équilibre des finances publiques est atteint», a-t-il ajouté.

Avec un tel chantier, la France s'inspirerait en partie de l'Allemagne, qui a modifié il y a un an sa Constitution. Celle-ci obligera l'État fédéral à limiter à partir de 2016 son déficit à 0,35% du Produit intérieur brut (PIB).

La mesure radicale annoncée par le président français s'inscrit dans le cadre des efforts des dirigeants de l'Union européenne pour restaurer la crédibilité la zone euro, malmenée par les marchés à la suite de la crise de la dette grecque. Les Bourses, tout comme l'euro, poursuivaient jeudi leur forte baisse.

Pour la France, une telle réforme de la Constitution représenterait aussi une véritable révolution des mentalités.

Le pays n'a plus eu de budget à l'équilibre depuis environ 30 ans et n'a finalement que très rarement respecté les critères européens de Maastricht, qui avaient présidé à la création de la monnaie unique européenne et figurent encore dans le Pacte de stabilité budgétaire.

Parallèlement, Nicolas Sarkozy a annoncé jeudi un gel des dotations de l'État aux collectivités locales, ajoutant que celles-ci suivraient ainsi la règle fixée pour les dépenses de fonctionnement de l'État. Il a aussi fait état de mesures pour maîtriser les dépenses d'assurance maladie.

Son premier ministre, François Fillon, avait décidé le 6 mai de geler les dépenses de l'État jusqu'à 2013. L'objectif, peu réaliste, selon la plupart des experts, est de ramener le déficit public attendu à plus de 8% du PIB en 2010 à 3% en 2013, conformément à un plan de redressement transmis par Paris à ses partenaires de l'Union européenne.

Ce chiffre de 3% est aussi la limite théorique du déficit public prévue par les traités européens. Celui-ci recouvre à la fois le déficit de l'État, et ceux des collectivités locales et de la sécurité sociale.

«Il ne s'agit ni de rigueur, ni de laxisme, mais de responsabilité (...) En annonçant des mesures d'économies, nous ne cédons ni à la pression des marchés ni à l'affolement», a affirmé jeudi Nicolas Sarkozy.

L'explosion du déficit public de la France, comme de beaucoup de pays européens, s'explique par les effets de la crise économique et financière. D'une part, la récession a considérablement réduit les recettes fiscales. D'autre part, les États ont mis en oeuvre de très coûteux plans de relance pour maintenir à flot les économies.

«Le creusement de nos déficits pendant la crise était pleinement justifié parce qu'il a soutenu l'économie. Avec la reprise, le redressement de nos finances publiques est tout aussi justifié», a estimé le président français.