D'autres personnes que l'équipage de l'avion du président polonais Lech Kaczynski étaient dans le cockpit quelques minutes avant la catastrophe aérienne et le capitaine avait bien été prévenu que le brouillard était trop épais pour atterrir, ont annoncé mercredi les enquêteurs.

Le comité d'aviation interétatique, chargé des enquêtes sur les accidents d'avion en ex-URSS, a exclu toute défaillance technique ou attentat, laissant entendre que les facteurs météo et humains étaient à l'origine de l'accident qui a coûté la vie aux 96 occupants du Tupolev-154 dont Kaczynski et son épouse.

«Il a été établi que dans le cockpit se trouvaient des personnes qui n'étaient pas membres de l'équipage», a déclaré Tatiana Anodina, chef du comité lors d'une conférence de presse.

«La voix de l'une d'entre elle a été identifiée, l'autre, ou les autres, doivent encore être identifiées par la partie polonaise», a-t-elle ajouté.Mme Anodina n'a précisé ni l'identité de la personne identifiée ni le contenu des conversations.

Mais l'agence polonaise PAP a rapporté de son côté qu'une des deux voix ne faisant pas partie de l'équipage enregistrées dans le cockpit était celle du commandant en chef de l'armée de l'air, Andrzej Blasik. PAP a cité une source anonyme proche de l'enquête.

Le représentant polonais, Edmund Klich, a pour sa part indiqué à la presse qu'il ne «pensait pas» que la présence dans le cockpit de personnes étrangères à l'équipage soit à l'origine de la catastrophe. «Cela a eu lieu de 16 à 20 minutes avant l'impact avec le sol. Je ne pense pas que cela ait influencé de manière décisive le cours des événements, mais il s'agit là de mon opinion personnelle et toutes les circonstances seront claires après la fin de l'enquête».

Mme Anodina a pour sa part confirmé des conclusions annoncées en avril, soulignant qu'il n'y avait eu ni défaillance technique, ni explosion, ni incendie à bord de l'appareil de fabrication russe. D'autre part, elle a souligné que l'équipage avait été prévenu des mauvaises conditions météo.

«La commission technique a très clairement établi qu'il n'y a eu ni attentat, ni explosion, ni feu à bord, pas plus qu'une panne de l'équipement aérotechnique. Les moteurs fonctionnaient jusqu'à l'impact avec le sol», a-t-elle ajouté.

«L'équipage a reçu à temps les données sur la situation météo et les aéroports alternatifs» où l'avion polonais aurait pu atterrir, a souligné Mme Anodina.

Alexeï Morozov, chef de la commission technique du Comité a pour sa part souligné que l'équipage, des militaires de carrière, n'avait «pas été entraîné» pour conduire un Tupolev et avait «été formé quelques jours avant le vol».

«Lors de la communication avec le contrôleur aérien de l'aéroport de Smolensk-Severnyï (ouest de la Russie), ce dernier a prévenu à deux reprises que l'aéroport était dans le brouillard, que la visibilité était de 400 mètres et que les conditions d'accueil n'étaient pas réunies», a-t-il déclaré.

M. Morozov a aussi insisté sur le fait que «durant le vol», l'avion du président polonais avait été averti «à plusieurs reprises» que les conditions pour atterrir étaient «inférieures au minimum requis».

«Cette information a été transmise par les contrôleurs aériens de Minsk (Bélarus) et de Smolensk ainsi que par l'équipage d'un avion Yak-40 de l'armée de l'air polonaise (...) qui avait atterri à Smolensk-Severnyï», a-t-il ajouté.

Le capitaine de l'avion polonais parlait en russe avec les contrôleurs de Smolensk et «son niveau était suffisant», selon M. Morozov.

La catastrophe est survenue le 10 avril alors que la délégation polonaise se rendait à Katyn pour rendre hommage à des milliers d'officiers polonais abattus il y a 70 ans sur l'ordre de Joseph Staline.