Le président sénégalais Abdoulaye Wade a mis en cause dimanche le conseiller Afrique de l'Élysée André Parant en affirmant que Clotilde Reiss aurait pu être libérée «il y a déjà six mois» sans son intervention.

«Je ne sais pas si c'est lui ou s'il a reçu des instructions, mais je dis simplement que le fait pour lui de me dire d'arrêter de m'occuper de cette affaire il y a six mois, parce qu'il avait un bon contact, est la preuve que ce contact n'était pas bon. Cela veut dire que Clotilde Reiss aurait été libérée depuis il y a déjà six mois», a-t-il dit sur RTL.

Le président du Sénégal a expliqué avoir rencontré son homologue iranien Mahmoud Ahmadinejad après l'arrestation de la jeune universitaire française en juillet 2009 et que celui-ci lui avait dès le début «donné son accord» pour la libérer.

«J'ai appelé l'Élysée pour demander à (Nicolas) Sarkozy de m'envoyer quelqu'un en qui il avait confiance pour voir en détail comment on pouvait procéder à la libération de Clotilde Reiss et on m'a envoyé André Parant», a-t-il poursuivi, en précisant que cette rencontre s'était déroulée en octobre 2009. «Quelques jours après, il m'appelle. J'étais très étonné, il me dit: «Président Wade, on vous demande vraiment de laisser ce dossier de côté pour l'instant parce que nous sommes sur une piste, nous avons un contact extrêmement sérieux».

M. Wade a affirmé avoir repris contact avec le président iranien après avoir reçu le «feu vert» de Nicolas Sarkozy car il ne s'était toujours «rien passé».

«Les Iraniens ne voulaient pas qu'elle quitte Téhéran avant mon arrivée. Je suis quand même le président de l'Organisation de la conférence islamique (...) C'est fort de ça que j'étais sûr que je pouvais faire quelque chose», a assuré le président sénégalais.

Dans un entretien à paraître dans Le Parisien, Abdoulaye Wade ajoute que Nicolas Sarkozy l'a appelé dimanche à Téhéran pour le féliciter. «Il m'a dit: «je te félicite chaleureusement pour tout ce que tu as fait pour la libération de Clotilde Reiss». Quand il m'a appelé, je sortais de rendez-vous chez le président Ahmadinejad», dit-il.

Le président sénégalais ajoute avoir appris «en regardant la télévision», que le chef de l'État français avait également remercié le Brésilien Luis Inacio Lula da Silva et le Syrien Bachar el-Assad. «Franchement, j'ignore tout de ces interventions... Mais dans ces affaires il y a beaucoup de gens qui interviennent. Ce que je peux affirmer, chronologie en main, c'est que cette libération est le résultat direct de ma médiation», assure-t-il. Quant à d'éventuelles contreparties, «les Iraniens ne m'en ont jamais parlé», dit-il. «Moi, je recommandais un geste humanitaire à même de restaurer l'image de l'Iran».