La maison de Lars Vilks, auteur d'un dessin représentant le prophète Mahomet avec un corps de chien, a été visée par un incendie criminel entre vendredi et samedi en l'absence du dessinateur suédois, a-t-on appris auprès de la police et de M. Vilks.

«Je vais devoir habiter ailleurs pendant un certain temps, je pense que c'est raisonnable», a-t-il dit à l'AFP samedi. «Je pourrais me rendre à la maison dans la journée, mais je ne pourrais sûrement pas y dormir», dit-il.

Des bouteilles de verre avec de l'essence ont été retrouvées à l'intérieur de la maison, a annoncé la police suédoise, qui a ouvert une enquête pour incendie criminel.

«Les dégâts sont relativement mineurs, une partie de la façade est noircie et quelques vitres ont été brisées. Le feu s'est éteint tout seul», a déclaré à l'AFP Sofie Österheim, une porte-parole de la police du comté de Scanie, où réside Lars Vilks.

Malgré les menaces dont il fait l'objet, Lars Vilks n'a jamais déménagé de sa maison de Nyhamnsläge, une petite bourgade près de Höganas dans le sud-ouest de la Suède, ni fait mystère de son lieu de résidence.

«Non, je ne crois pas qu'il faille être paranoïaque», dit-il à l'AFP quand on lui demande s'il envisage de s'installer dans une autre région, voire à l'étranger. «Cela n'est peut être qu'un fait isolé», espère le dessinateur.

L'artiste avait récemment expliqué à l'AFP avoir installé des pièges artisanaux pour se protéger d'éventuels agresseurs, en raison de nouvelles menaces et après l'agression d'un caricaturiste danois début janvier.

«On essaie de voir s'il serait utile d'installer (aussi) une alarme ou quelque chose comme ça», dit-il samedi.

La police ignore à quel moment précis a eu lieu l'attaque entre le moment où le dessinateur a quitté sa maison vendredi et le signalement de l'incendie samedi vers 11h.

Lars Vilks, régulièrement l'objet de menaces depuis la parution de son dessin et la polémique qui s'en était suivi, avait déjà été la victime d'une agression mardi à l'université d'Uppsala au nord de Stockholm.

Lors d'une conférence qu'il donnait dans les locaux de la faculté, un homme lui avait donné un coup de tête, tandis que plusieurs personnes tentaient de l'attaquer et criaient des slogans hostiles.

Un groupe lié à Al-Qaeda avait offert 100 000 dollars pour assassiner le caricaturiste et en mars dernier, la police irlandaise a annoncé l'arrestation de sept musulmans, soupçonnés d'être impliqués dans un complot pour l'assassiner.

Le quotidien régional Nerikes Allehanda avait publié le dessin satirique de Lars Vilks le 18 août 2007, afin d'illustrer un éditorial sur l'importance de la liberté d'expression, déclenchant une polémique en Suède et à l'étranger.