Massées dans les rues de Lisbonne, des dizaines de milliers de personnes ont réservé un accueil enthousiaste mardi au pape Benoît XVI, apportant leur soutien au souverain pontife ébranlé par le scandale des crimes pédophiles au sein du clergé.

Sur l'esplanade emblématique du Terreiro do Paço, qui peut rassembler jusqu'à 80 000 personnes, le pape a célébré dans la soirée une messe devant une immense foule, depuis un autel installé devant le Tage et protégé par une immense arche blanche.

«Aucune puissance adverse ne pourra jamais détruire l'Eglise», déclare le pape, aux cris de joie de la foule.

En toile de fond, dans la douce lumière de Lisbonne, une parade nautique rassemble des voiliers précédés d'une caravelle reconstituée.

C'est de cet immense terre-plein que sont parties, au 15e siècle, les premières caravelles du royaume avec pour mission de découvrir le monde et des routes commerciales mais aussi, d'évangéliser les peuples.

Agrippés aux colonnes des immeubles ministériels qui entourent la place, portables, appareils photos et caméras à la main, des croyants s'efforcent d'immortaliser le moment.

«Vive le pape», ont crié toute la journée les fidèles rassemblés le long des parcours empruntés par Benoît XVI dans la capitale portugaise.

«Nous voulons montrer notre soutien au pape, lui montrer qu'il est le bienvenu au Portugal», affirme Paulo, un étudiant ingénieur, vêtu d'un pull orange avec le nom de Benoît XVI imprimé sur un blason dans le dos.

Applaudi sur tout son parcours, Benoît XVI, tout de blanc vêtu, est arrivé sur l'esplanade en papamobile, coiffé d'une mitre dorée, les épaules couvertes d'une mosette bordée d'hermine blanche.

«Il y aura un avant et un après», affirme Ana Guerra, la quarantaine, une écharpe blanche souhaitant la bienvenue à Benoît XVI nouée autour du cou. «Sans aucun doute cette visite va permettre aux fidèles de se rapprocher de Dieu», dit-elle.

«La place est remplie, alors que j'entendais aux informations que ce ne serait pas le cas», s'étonne-t-elle.

Afonso Corte Real, un jeune étudiant de 21 ans, membre d'un mouvement de jeunes catholiques a «le sentiment d'assister à un moment unique».

«C'est vrai que ce pape n'a pas l'aspect d'un grand-père rassurant, mais quand je l'ai vu passer en papamobile, il m'a inspiré une paix intérieure», confie Sofia Rodrigues, entourée de ses trois enfants de 2 à 13 ans.

Dans leur enthousiasme, les fidèles tentent de faire abstraction des scandales pédophiles qui secouent l'Eglise catholique.

La visite papale est toutefois placée sous stricte surveillance policière: toutes les poubelles ont été enlevées et les boîtes aux lettres publiques scellées.

Pour Alvaro Patricio, un retraité de 66 ans, récitant des «Ave Maria» son chapelet à la main, «c'est le démon qui est derrière tout ça». «Il veut mettre l'Eglise à l'épreuve. L'Eglise a toujours été attaquée dans son histoire», ajoute-t-il.

Les affaires de pédophilie laissent «indifférent» Rui, un jeune catholique de 18 ans habitant la banlieue. «Ce qui importe c'est ma relation avec Dieu, même si certains comportements de l'Eglise me blessent».

«Les scandales pédophiles sont loin de me laisser indifférente», affirme en revanche avec tristesse Leonor Ferreira, une catholique pratiquante. «Cela n'affecte pas ma foi, mais je préfère ne pas en parler».

Et son mari Antonio de commenter: «Que voulez-vous? Nous sommes catholiques depuis toujours. Nos croyances nous ont été transmises par nos parents. Le Portugal est un pays profondément catholique. On ne va remettre en cause tout ça !».