L'Assemblée nationale française a adopté mardi à l'unanimité une résolution non contraignante contre le port du voile islamique intégral, une première étape avant l'examen en juillet d'un projet de loi plus controversé interdisant niqab et burqa dans la rue.

La résolution, acte symbolique n'ayant pas force de loi, a été adoptée par tous les députés présents (434 sur les 577 que compte l'Assemblée).

La majorité de droite et l'opposition socialiste ont voté pour ce texte proclamant que «les pratiques radicales attentatoires à la dignité et à l'égalité entre les hommes et les femmes, parmi lesquelles le port d'un voile intégral, sont contraires aux valeurs de la République».

Seuls quelques élus, dont ceux du parti communiste et des écologistes, ont quitté la salle au moment du vote, dénonçant un «vote mascarade» visant à obtenir par avance un «consensus» pour le projet de loi gouvernemental sur l'interdiction du voile intégral.

La résolution juge notamment «nécessaire» que «tous les moyens utiles soient mis en oeuvre pour assurer la protection effective des femmes qui auraient subi des violences ou des pressions, et notamment auraient été contraintes de porter un voile intégral contre leur gré».

«Heureuse de constater le consensus», la ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie a promis qu'elle ferait «en sorte», dans son projet de loi, de «refléter les intentions» de la résolution.

Malgré «quelques bémols», la ministre a salué un «signal fort donné aux Français et à l'extérieur de notre pays que la France ne renonce pas et ne renoncera jamais à être elle-même, fière de ses valeurs, généreuse, tolérante, soucieuse avant tout de la grandeur, de la liberté et de la dignité des hommes et des femmes».

«Nous n'avons jamais récusé l'interdiction, nous sommes disponibles pour le consensus», a souligné l'élu socialiste Jean Glavany.

Seul Noël Mamère (Verts) a exprimé, après le vote, son «sentiment de colère, de honte», accusant la majorité de faire «diversion» et un clin d'oeil au Front national (extrême droite), le nombre de femmes concernées par le voile intégral étant selon lui «marginal».

Le port du voile islamique intégral -burqa ou niqab- concerne moins de 2 000 femmes en France, selon les autorités, sur un total de 5 à 6 millions de musulmans.

Son éventuelle interdiction a fait l'objet d'un vif débat dans le pays depuis des mois, suscitant un sentiment d'exaspération chez de nombreux musulmans qui dénoncent une stigmatisation.