Les conservateurs et les libéraux-démocrates se sont montrés optimistes lundi sur l'issue de leurs négociations en vue d'un accord de gouvernement, suggérant un déblocage rapide de la crise institutionnelle provoquée par les législatives où aucun parti n'a obtenu de majorité absolue.

«Nous avons fait de nouveaux progrès dans nos réunions avec les Lib Dems», a déclaré William Hague, l'un des négociateurs conservateurs et probable chef de la diplomatie d'un futur gouvernement Tory, à la sortie dans la matinée d'une nouvelle rencontre.

Quelques minutes plus tard, le porte-parole des négociateurs des Lib Dems, Danny Alexander, confirmait lui aussi de «nouveaux progrès».

Les équipes de négociateurs conservateurs et libéraux-démocrates, qui s'étaient quittées dimanche après plus de cinq heures d'échanges décrits comme «très positifs et productifs», se sont retrouvées pendant près d'une heure et demie lundi matin.

Les négociateurs «travaillent très bien ensemble», a ajouté M. Hague, qui devait ensuite faire état de l'avancée des négociations au chef des Tories David Cameron, qui deviendrait premier ministre en cas d'accord.

Le chef des libéraux-démocrates Nick Clegg s'était également auparavant voulu positif. «Patientez encore un peu et j'espère que nous serons en mesure de vous faire une annonce complète aussi vite que possible», avait-il relevé en quittant son domicile.

«Je ne pense pas qu'une période prolongée d'incertitude soit une bonne chose, c'est pourquoi nous souhaitons parvenir à une décision aussi vite que possible», avait-il déclaré, en estimant toutefois essentiel de ne pas se lancer «dans quelque chose qui ne résisterait pas à l'épreuve du temps».

Les deux partis discutent depuis vendredi soir d'un possible accord de gouvernement -coalition ou alliance informelle- pour mettre fin à l'incertitude engendrée par les législatives du 6 mai.

N'ayant pu obtenir la majorité absolue qui lui aurait permis de gouverner seul, M. Cameron a proposé vendredi aux Lib Dems, arrivés troisièmes, «une offre large, ouverte et globale» de gouvernement.

Si les dirigeants conservateurs et libéraux démocrates semblent pousser en direction d'un accord, cette éventualité suscite pas mal de résistances à la base des partis, très éloignés idéologiquement.

Le parti travailliste du premier ministre Gordon Brown, qui ne désespère pas de pouvoir former sa propre coalition avec les Lib Dems si leurs tractations avec les Tories échouent, a accentué la pression sur ses deux rivaux.

«Je ne pense pas que ça donnera quoi que ce soit de bon si le processus traîne en longueur», a averti le ministre des Finances Alistair Darling. «J'espère que d'ici la fin de la journée ils pourront décider s'ils peuvent conclure un accord ou non.»

Un accord peut théoriquement attendre jusqu'au 25 mai: la reine présentera à cette date le programme du nouveau gouvernement qui engagera dans un vote sa responsabilité devant le Parlement.

Mais la fébrilité des marchés, inquiets de l'incertitude politique et de la santé de l'économie britannique, ne leur offre pas une telle latitude.

Le Footsie-100, l'indice vedette de la Bourse de Londres, était cependant en hausse de 4,90% lundi vers 10h55 GMT, les marchés étant rassurés par l'adoption dans la nuit d'un plan européen d'aide à la zone euro.

Plusieurs autres réunions étaient prévues dans la journée. M. Cameron devait réunir son «cabinet fantôme» à 15h00 GMT, puis s'adresser aux députés Tories à 17h00 GMT. L'exécutif fédéral des Lib Dems qui doit approuver tout accord, devait se réunir à 16h00 GMT.

M. Brown peut rester en place tant qu'une majorité n'est pas réunie contre lui. Mais ses heures semblent comptées.

En cas d'échec avec les Tories, les Lib Dems pourraient se tourner vers les travaillistes. Mais ils risqueraient alors d'exiger, en contrepartie d'un accord, le départ de M. Brown.