Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a déclaré dimanche s'attendre à des critiques dans le monde à propos d'un projet de loi en France interdisant le port de la burqa, et reconnu en avoir parlé en Conseil des ministres.

«C'est ce que j'ai dit au Conseil des ministres: les États-Unis tiennent à la liberté religieuse et il y aura beaucoup d'ONG et de fondations américaines qui voudront démontrer notre erreur», a-t-il précisé à la radio Europe 1 et au journal Le Parisien/Aujourd'hui en France.

«Il y aura aussi bien sûr des pays d'Europe qui vont protester, le Danemark, les Pays-Bas, etc.», comme «un certain nombre de pays musulmans, par exemple au Pakistan, en Turquie, (où) nous serons critiqués», a-t-il ajouté.

Enfin «il y aura un dernier pays, l'Arabie Saoudite, qui dira "chez vous vous avez le droit de faire ce que vous voulez, mais chez moi j'ai également le droit de faire ce que je veux, comme par exemple de ne pas faire conduire les femmes"», a fait valoir le ministre. «Le Maroc comprendra, comprend déjà, c'est un pays où l'islam n'est pas oppressif».

Interrogé pour savoir s'il était pour l'interdiction totale de la burqa, il a répondu: «Faire la différence entre lieux publics et pas publics est finalement un peu démagogique et pas possible».

«Nous avons peut-être besoin d'une loi, j'ai compris que pour la dignité de la femme, il fallait le faire». «Il ne s'agit pas d'une affaire religieuse, il s'agit d'une affaire de dignité, de solidarité, de compréhension de la marche du monde», a-t-il dit.

Le gouvernement français projette d'interdire le port de la burqa. Un projet de loi doit être présenté au Conseil des ministres le 19 mai avant un examen à l'Assemblée nationale en juillet.