Une région stratégique, l'Arctique, et un animal emblématique, l'ours blanc: le premier ministre russe Vladimir Poutine a montré une nouvelle fois qu'il n'avait rien perdu de son goût pour les visites à forte charge symbolique, dans son costume favori d'homme fort.

Sa visite -dont la date précise n'est pas connue- en Terre d'Alexandra (une île de l'archipel François-Joseph dans l'océan Arctique), l'un des territoires les plus septentrionaux de la Russie, a été organisée avec soin et diffusée simultanément jeudi matin par les principaux médias russes.

Située à un millier de kilomètres du Pôle Nord, cet archipel de près de 200 îles a été intégré dans les années 20 dans l'Union soviétique, et a joué pour elle un important rôle scientifique et militaire.

C'est encore le cas aujourd'hui puisque la base de garde-frontière de Nagourskaïa, où s'est rendu M. Poutine, est aujourd'hui la plus septentrionale du pays.

L'immense région arctique est sujette à de vives rivalités et tensions à propos de l'exploitation potentielle de ses richesses naturelles. Cinq pays, Canada, Danemark, États-Unis, Norvège et Russie se disputent à son sujet.

Russie et Norvège ont toutefois annoncé cette semaine avoir réglé un différend frontalier vieux de 40 ans dans cette même région.

Les intérêts de la Russie en Arctique «sont des plus sérieux: ici nous avons de grandes bases maritimes, des corridors aériens long courrier, des intérêts économiques», a martelé M. Poutine, évoquant notamment le vaste gisement gazier de Chtokman.

Les superbes images diffusées par les télévisions, ciel bleu, soleil vif, et animaux polaires sur fond de neige immaculée, atteignent leur paroxysme lorsqu'on peut y voir M. Poutine agenouillé et caressant un énorme ours blanc.

Vêtu d'une veste rouge vif brodée à son nom en lettres d'or, le premier ministre aide les scientifiques à effectuer des prélèvements sur l'ours endormi, à lui passer au cou un collier émetteur et à le hisser dans une bâche pour le peser. Verdict: le plantigrade pèse 231 kilos.

On le voit ensuite prendre congé de l'animal en lui serrant longuement la patte et lui grattant la tête: «Salut, porte-toi bien !» lui lance-t-il.

«La patte est lourde. C'est le maître de l'Arctique, cela se sent», sourit-il peu après devant les caméras.

Mais cette domination est aujourd'hui menacée et la population d'ours blancs a été réduite à quelque 25 000 individus, souligne-t-il, rappelant que «la réduction de la surface de la banquise, la fonte des glaces» compromettent la vie des ours polaires.

Vladimir Poutine est le parrain de la prestigieuse Société géographique russe, fondée en 1845 par le tsar Nicolas 1er, et qui s'est très tôt illustrée par ses expéditions sur les immenses terres vierges de Sibérie et d'autres continents.

La Société et l'Académie des Sciences ont mis sur pied un programme de soutien aux animaux en voie de disparition que suit de près le premier ministre: on l'a ainsi vu ces dernières années dans d'autres reportages le mettant en scène avec des tigres ou des léopards.

M. Poutine a déploré que les activités militaires soviétiques dans l'archipel François-Joseph aient laissé derrière elles «une fosse aux ordures». «Il faut faire un nettoyage général en Arctique», a-t-il jugé.

Selon les résultats d'une étude russe effectuée entre 1995 et 2005, environ 250.000 fûts contenant entre 40 000 et 60 000 tonnes de produits pétroliers, ainsi que des avions et des stations de radar y ont été abandonnés après la chute de l'URSS en 1991.