Les risques d'une grave crise politique en Belgique se sont fortement accrus mercredi, un parti clé menaçant de faire tomber le gouvernement faute d'accord d'ici jeudi dans de difficiles négociations entre Flamands et francophones sur l'avenir du pays.

«Un deadline est un deadline, il reste 24 heures», a déclaré le ministre des Entreprises Vincent Van Quickenborne, dont le parti libéral flamand Open VLD est l'un des cinq à former la coalition du premier ministre, le chrétien-démocrate flamand Yves Leterme.

Le nouveau président de l'Open VLD, Alexander De Croo, a assuré ces derniers jours que le gouvernement serait confronté à un «grave problème» si aucune solution n'était trouvée avant jeudi -jour de séance plénière à la Chambre des députés- à un contentieux linguistique qui empoisonne la vie du pays depuis des années.

Il concerne des droits linguistiques spécifiques accordés aux francophones vivant en Flandre, aux abords de Bruxelles, dans le district dit de «Bruxelles-Hal-Vilvorde» ou «BHV».

La majorité flamande néerlandophone du pays veut supprimer la plupart de ces droits spéciaux au nom de l'intégrité territoriale et linguistique de sa région, ce à quoi la minorité francophone s'oppose sans contreparties suffisantes.

Le médiateur chargé par le roi Albert II de proposer des pistes de solution, l'ancien premier ministre Jean-Luc Dehaene, a achevé mardi soir une mission en reconnaissant avoir échoué à rallier une majorité de partis flamands et francophones à des propositions qu'il préparait depuis plusieurs mois.

Mercredi, les partis francophones ont estimé que la négociation pouvait se poursuivre sans que l'on fixe de date limite. Ils ont toutefois souligné que de nombreux points des propositions de M. Dehaene ne leur convenaient pas.

Côté flamand, on estimait au contraire que certaines des idées avancées par l'ancien premier ministre étaient trop favorables aux partis francophones, car certains droits limités seraient gravés dans le marbre.

Si aucun accord ne se dégage dans les 24 heures, l'épreuve de vérité pour Yves Leterme commencera jeudi à 14h15 (12h15 GMT) devant la Chambre des députés, où la question de confiance risque d'être posée.

Une chute du gouvernement due à cette nouvelle épreuve de force entre les deux communautés linguistiques, qui pourrait tourner à la crise de régime, serait un cauchemar pour les dirigeants belges alors que le pays doit présider l'UE dès juillet pour six mois.

Les négociations achoppent en particulier sur l'avenir de la circonscription électorale et de l'arondissement judiciaire bilingue de Bruxelles-Hal-Vilvorde, qui regroupe la capitale à majorité francophone et une partie de sa périphérie située en Flandre.

Environ 100 000 francophones habitant dans 35 communes de la province du Brabant flamand, autour de Bruxelles, peuvent aujourd'hui voter pour des listes francophones ou saisir la justice dans leur langue. Dans six de ces communes, dites «à facilités», ils peuvent même bénéficier de services publics en français.