Benoît XVI effectue ce week-end à Malte son premier voyage à l'étranger depuis les récents scandales de prêtres pédophiles qui ont ébranlé l'Église catholique. La question est de savoir s'il rencontrera lors de cette visite de nouvelles victimes d'abus sexuels, comme il s'est récemment dit prêt à le faire.

Le pape, qui a fêté ses 83 ans vendredi, a reçu un gâteau d'anniversaire de la Fondation papale, organisation catholique américaine. À cette occasion, il a fait une allusion indirecte aux scandales d'abus sexuels. «En cette période, je vous demande de prier pour les besoins de l'Église universelle», pour qu'elle reçoive «une sainteté, une unité et un zèle missionnaire» renouvelés, a-t-il déclaré à ses hôtes.

Sa visite à Malte a été organisée comme un pèlerinage pour commémorer le 1 950e anniversaire du naufrage en l'an 60 de Saint Paul, qui selon la tradition, avait ensuite passé trois mois sur l'île et l'avait convertie au christianisme. Mais les observateurs estiment que le pape pourrait changer le programme initial et faire un geste fort pour tenter de réparer les dégâts liés aux scandales d'abus sexuels.

Malte n'a pas été épargnée par ces affaires. Dix hommes affirmant avoir été victimes d'abus sexuels de la part de prêtres dans un orphelinat de l'île dans les années 1980 et 90 ont demandé à rencontrer Benoît XVI pour pouvoir refermer ce «chapitre douloureux» de leur vie.

Lors d'un point de presse cette semaine, le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican, a refusé de confirmer une telle rencontre, sans toutefois exclure cette possibilité.

Les précédentes rencontres de Benoît XVI avec des victimes d'abus sexuels, lors de ses voyages aux États-Unis et en Australie en 2008, n'avaient pas été annoncées à l'avance. Ces réunions doivent se dérouler «dans un climat de méditation et de réflexion, pas sous la pression des médias», a expliqué le père Lombardi.

Depuis des semaines, les révélations se multiplient en Europe sur des cas de prêtres pédophiles et la dissimulation de ces affaires par la hiérarchie de l'Église catholique. L'attitude du cardinal Joseph Ratzinger -le futur Benoît XVI-, a elle-même été mise en doute dans la gestion de plusieurs affaires anciennes.

Faisant apparemment référence aux scandales d'abus sexuels dans l'Église, Benoît XVI a appelé jeudi les chrétiens à «se repentir». «Maintenant que nous sommes attaqués par le monde, qui nous a parlé de nos péchés (...) nous nous rendons compte qu'il est nécessaire de nous repentir, en d'autres termes, de reconnaître ce qui ne va pas dans nos vies», a-t-il déclaré lors d'une messe.

L'Église maltaise a fait récemment le point sur les affaires d'abus sexuels dans ses rangs, annonçant avoir reçu 84 accusations impliquant 45 prêtres ces dix dernières années. Des évêques locaux ont présenté leurs excuses. Malte compte, selon les statistiques du Vatican, 853 prêtres, pour 400 000 habitants. Environ un prêtre sur 20 dans l'île est ainsi accusé d'abus sexuels.

L'Église exerce une grande influence dans ce petit pays catholique, où l'avortement et le divorce restent interdits. Ce sera la première visite du pape Benoît XVI à Malte, où son prédécesseur Jean Paul II s'était rendu en 1990 et 2001.

Reste que des panneaux à l'effigie de Benoît XVI annonçant sa visite ont été dégradés ces derniers jours: sur l'une des photos, le visage du pape allemand a été affublé d'une moustache à la Hitler...

Benoît XVI doit arriver samedi après-midi, s'entretenir avec le président maltais et visiter la grotte de Saint Paul. Dimanche, il célébrera une messe en plein air et rencontrera des jeunes avant de reprendre l'avion pour Rome.

Le pape a quatre autres voyages à l'étranger prévus à son programme cette année, tous en Europe: Portugal, Chypre, Grande-Bretagne et Espagne.