La campagne pour les législatives du 6 mai en Grande-Bretagne s'emballe cette semaine avec la présentation des manifestes politiques et un débat télévisé inédit entre les principaux candidats, alors que les derniers sondages suggèrent une course serrée.

Le premier ministre travailliste Gordon Brown affrontera jeudi le dirigeant conservateur David Cameron, en tête dans les sondages, ainsi que Nick Clegg, le chef de file du troisième parti britannique, les Libéraux-démocrates, au cours d'un débat d'une heure qui sera le premier d'une série de trois.

Gordon Brown, handicapé par un manque de charisme, défendra son propre bilan après trois ans à Downing street et celui du Labour au pouvoir depuis 13 années, tandis que le télégénique David Cameron tentera de convaincre qu'il est capable de mener le pays sans mettre en danger la reprise économique, malgré son manque d'expérience.

Pour les experts, ces débats inédits pourraient être déterminants quant à l'issue du scrutin.

Le Labour dévoilera son manifeste lundi, le jour où le parlement sera officiellement dissous.

Selon quelques fuites, ce programme «ambitieux mais économe» ne contiendra pas d'annonces impliquant de grandes dépenses, alors que tous les grands partis s'accordent à considérer la réduction du déficit record comme un impératif.

Les Travaillistes envisagent notamment, s'ils sont réélus, une loi pour limiter les reprises par des sociétés étrangères de compagnies britanniques considérées comme «stratégiques», selon plusieurs médias.

Afin de se consacrer pleinement à la campagne, Gordon Brown a renoncé à se rendre à Washington pour un sommet sur la sécurité nucléaire, lundi et mardi.

Les Conservateurs prévoient de leur côté de dévoiler leur programme mardi.

Dans une interview au Sunday Times, dimanche, David Cameron a promis de gouverner pour «tout le monde en Grande-Bretagne», prenant ses distances avec la politique menée par l'ex-leader tory Margaret Thatcher, dans les années 1980.

Les derniers sondages dans la presse dominicale suggèrent une élection encore très ouverte, accordant aux Conservateurs une avance d'environ huit points devant le Labour.

Alors que les Tories ont bénéficié de sondages favorables depuis que Gordon Brown a succédé à Tony Blair, l'écart entre les deux partis s'est réduit ces derniers mois.

Selon un sondage YouGov pour le Sunday Times, l'avance des Tories sur le Labour est passée de dix à huit points en une semaine (40% contre 32%), les Libéraux-Démocrates recueillant 18%.

Un sondage ICM pour le News of the World dans 96 circonscriptions travaillistes pouvant basculer dans le camp des conservateurs, montre que les Tories ont perdu quatre points depuis janvier pour se retrouver à 36% des intentions de vote, alors que le Labour demeure à 37% et que les Libéraux-Démocrates progressent de cinq points, à 19%.

ICM estime, sur la base de ces résultats, que les Tories obtiendraient le plus grand nombre de sièges au parlement, sans toutefois disposer de la majorité absolue.

Les cinq premiers jours de la campagne ont été dominés par une bataille sur la fiscalité. Les Conservateurs ont proposé de réduire le déficit public par des coupes budgétaires, de baisser les cotisations sociales et d'accorder des avantages fiscaux aux couples mariés. Mais le Labour a mis en cause les calculs des Tories, affirmant que pareilles mesures pourraient détruire jusqu'à 40 000 emplois.

«Le premier chapitre de la campagne a été dominé par des attaques violentes mais peu concluantes», écrit le commentateur Andrew Rawnsley dans l'Observer dimanche. «Nous devrions passer à une phase plus sérieuse et substantielle cette semaine».