L'ancien top-model Carla Bruni-Sarkozy, épouse du président français depuis deux ans, a dû se jeter dans l'arène politique pour essayer de réparer les erreurs de communication du camp présidentiel à propos des rumeurs sur la solidité de son couple.

La presse française, d'habitude prudente sur la vie privée des hommes politiques, avait un petit côté tabloïd jeudi matin au lendemain d'une intervention de la première dame sur la radio Europe 1.

«Elle descend dans l'arène pour défendre» son mari Nicolas Sarkozy, titre France-Soir. «Objectif: éteindre le feu», écrit le quotidien le Parisien. «L'épouse du chef de l'État en personne» est montée «au front», dit Le Figaro, très proche du pouvoir.

Sortant de sa réserve habituelle, en particulier sur les affaires intérieures françaises, Carla Bruni-Sarkozy a donc tenté de sonner la fin de partie: clairement et fermement, elle a démenti l'une après l'autre les déclarations de proches du président, qui ces derniers jours ont fait d'un ragot quasi-oublié une affaire politique.

Non: «Nous ne sommes victimes d'aucun complot (...) il n'y a pas de vengeance», a-t-elle affirmé contredisant les propos du conseiller en communication du président Pierre Charon, qui selon elle a parlé avec «l'emportement de l'amitié».

Non: Rachida Dati, ex-proche de Nicolas Sarkozy tombée en disgrâce et accusée par la rumeur d'avoir propagé les insinuations sur le couple présidentiel, n'est pas persona non grata à l'Elysée. «Elle reste tout à fait notre amie», a dit Mme Bruni-Sarkozy démentant cette fois-ci des déclarations du secrétaire général de la présidence, Claude Guéant, souvent présenté comme «le vice-président».

Les rumeurs n'avaient d'abord pas eu d'écho en France avant d'être relayées par un blog hébergé par le site de l'hebdomadaire le Journal du Dimanche. L'affaire s'était emballée pendant le week-end pascal après l'annonce du dépôt d'une plainte: soudainement, l'entourage du président était monté au créneau pour dénoncer une campagne orchestrée.

Or, comme l'explique le politologue Stéphane Rozès, «le propre des rumeurs c'est qu'on ne les fait pas taire sauf si un complot est démasqué». «Les rumeurs, on fait en sorte qu'elles s'épuisent», dit-il.

C'est bien ce qui semble être la nouvelle stratégie de l'Elysée avec le recadrage de l'épouse du président, aguerrie à la communication et aux médias avec son passé de top-model et son métier de chanteuse qui lui ont appris à gérer son image.

«Je suis venue pour éviter qu'une affaire qui n'a aucune importante prenne des proportions que je trouve ridicules. Ces rumeurs sont pour mon mari et pour moi-même insignifiantes», a-t-elle dit.

«Cette affaire est close», a estimé jeudi le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel.

Mme Bruni-Sarkozy n'a pourtant pas évité un petit couac en niant toute «enquête de police», tandis que le patron du contre-espionnage Bernard Squarcini reconnaissait lui-même que ses services avaient enquêté pour déterminer «la source» des rumeurs.

Au final, avec ses rumeurs, son affaire dans l'affaire, ses espions, ses rétropédalages et pour finir le déminage de la première dame, l'affaire a pris des airs de «vaudeville», commente le quotidien Libération.

Ce qui tombe plutôt mal pour le président qui vient de subir une débâcle électorale aux régionales, une dégringolade dans les sondages et la fronde des députés du parti de la majorité de droite (UMP), dont certains commencent à douter de sa candidature, jusque là naturelle, pour la présidentielle de 2012.

Après les excès people de son début de mandat, Carla Bruni-Sarkozy, avec sa discrète influence, avait réussi à apporter au président une image assagie, selon les observateurs politiques.