Désemparés après avoir usé dans l'opposition quatre leaders en huit ans, les Tories se sont tournés en désespoir de cause en 2005 vers David Cameron, un quasi-inconnu qui n'était âgé alors que de 39 ans. Avenant et éloquent, il a su rénover l'image vieillotte des conservateurs pour les ramener au seuil du pouvoir après 13 ans dans l'opposition, mais il devra faire oublier son absence d'expérience ministérielle et ses origines aristocratiques pour l'emporter.

Dès 2005, l'aisance en public et les talents de conciliateur de David Cameron vont très vite rassurer un parti habitué à s'entre-déchirer.

Cameron a fait d'un «conservatisme moderne et compatissant» sa profession de foi. Le «Tony Blair de droite» applique les recettes de l'ex-premier ministre travailliste, dans son entreprise de rajeunissement du Labour au milieu des années 90. Il écarte la vieille garde du parti, rajeunit et féminise les cadres, et recentre les Tories, qui adoptent des thématiques nouvelles: éducation, santé, environnement.

Aux médias, il ouvre les portes de sa vie privée. Il émeut l'opinion en évoquant publiquement en février 2009 la mort de l'un de ses trois enfants, Ivan, gravement handicapé et atteint d'épilepsie, et en exprimant sa reconnaissance pour le système de santé publique.

Sa popularité personnelle dope celle de sa formation. Elle l'autorise à mettre en garde le public contre de «douloureux» sacrifices à venir, en raison de la crise.

Mais à l'approche de l'échéance électorale, sa lune de miel avec la presse s'étiole. Ses tâtonnements sur le déficit public, nerf de la guerre avec les travaillistes, sont remarqués. Il reconnaît avoir «déconné» en tergiversant avec sa valse-hésitation sur les réductions fiscales pour les couples mariés.

L'indécision de celui que le premier ministre Gordon Brown a qualifié de «novice» est soudain dûment notée. Autre fait significatif, les médias relaient la «guerre de classe» du Labour, qui lui reproche de n'être qu'un gosse de riches.

Si ces 40 dernières années, les conservateurs s'étaient choisi des chefs éduqués à l'école publique et aux origines relativement humbles, tels Margaret Thatcher et John Major, il est au contraire l'archétype de l'aristocrate tory. Il descend du roi Guillaume IV (1830-1837) et a épousé une fille de baron.

Né le 9 octobre 1966, d'un père cadre de la City et d'une mère magistrate, il grandit dans le petit village de Peasemore, dans le Berkshire (sud). En 1974, il entre dans l'école préparatoire que fréquentent les princes Andrew et Edward, puis rejoint en 1978 le prestigieux collège privé d'Eton.

En 1982, il est accusé d'avoir fumé du cannabis, selon sa biographie non autorisée. Tout en admettant avoir fait des choses «qu'il n'aurait pas dû faire et les regretter», il a toujours refusé de commenter ces informations, arguant du «droit à un passé privé».

Quand il entre à l'université d'Oxford en 1985, il ne nourrit encore qu'un intérêt modéré pour la politique. Il en sort diplômé de philosophie, politique et économie en 1988. Il rallie immédiatement le parti conservateur, grâce à un coup de pouce du palais de Buckingham.

Il conseille un temps le premier ministre John Major pour ses conférences de presse. Puis en 1994, il part dans le privé, comme «dircom» du groupe de médias Carlton, un poste qui lui apprendra les astuces de la communication politique.

Après de nombreuses tentatives, il se fait élire en 2001 député de Witney, non loin d'Oxford. Il vote «sans enthousiasme» pour la guerre en Irak. À la fin de l'année 2005, il prend son envol en succédant à Michael Howard à la tête des Tories.