Une trentaine de salariés d'une usine d'équipement automobile vouée à la fermeture, à 70 km au nord de Paris, menacent de faire sauter leur lieu de travail en incendiant une citerne de gaz pour obtenir de meilleures indemnités de licenciement.

Vendredi soir, les salariés ont repris les négociations avec la direction de l'usine, située à Crépy-en-Valois. Les deux parties tentent de trouver un accord pour améliorer les conditions de départ des 92 salariés du site, dont la fermeture est programmée depuis un an.

«Il y a un semblant d'accord sur les indemnités», a indiqué le premier adjoint au maire de Crépy-en-Valois, Bruno Fortier. Selon lui, les négociations achoppent sur l'identité de la personne chargée de contrôler les comptes de l'entreprise.

Après une demi-journée de négociations, les salariés avaient quitté la table ronde organisée à la mairie de la commune, peu avant 20H00, estimant que la direction n'avait «pas l'intention de négocier» réellement.

Après avoir brandi la menace d'une explosion jeudi soir, les salariés de la société Sodimatex ont fait monter la pression vendredi en plaçant des cocktails molotov autour de la citerne, longue de 4 à 5 mètres, a constaté un photographe de l'AFP. Une centaine de gendarmes et des pompiers ont été mobilisés aux abords de l'usine.

Selon des salariés, la citerne, dont le gaz sert à faire fonctionner les chariots élévateurs, a été approvisionnée il y a peu. «Si ça pète, ça soufflera pas que l'usine. Tant pis, s'ils veulent en arriver là», affirment-ils.

La table ronde réunissant le préfet (représentant de l'Etat), la direction du groupe Trèves, auquel appartient Sodimatex, et des représentants syndicaux a débuté vendredi à la mi-journée.

La fermeture de l'usine a été annoncée il y a un an. Depuis, les négociations sur le plan social entre direction et salariés ont échoué.

Le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi a condamné «l'attitude inacceptable d'une minorité» et appelé l'ensemble des parties à une réunion de conciliation mardi prochain, après le long week-end de Pâques, rappelant qu'un conciliateur a déjà été nommé début mars par la justice du travail.

Le ministre a souligné que les salariés de Sodimatex avaient été reçus par ses services fin octobre et indiqué que 700.000 euros destinés à la formation des salariés ont été dégagés par le gouvernement sur ce dossier.

En outre les représentants des salariés ont été reçus début février au palais présidentiel de l'Elysée par un conseiller du président Nicolas Sarkozy, selon un représentant du syndicat CFDT.

Les salariés réclament notamment en plus des indemnités légales de licenciement, une prime supplémentaire de 21.000 euros par salarié, et neuf mois de congé de reclassement, alors que la direction en propose quatre.

Depuis quelques années, les conflits sociaux aboutissant à des actions spectaculaires (séquestration de dirigeants, menaces d'explosion ou de pollution) se sont multipliés en France.