Le premier ministre russe, Vladimir Poutine, a sommé mardi les forces de l'ordre de «curer les égouts» pour débusquer les organisateurs des attentats du métro de Moscou, tandis que la capitale s'est recueillie à la mémoire des 39 personnes mortes lundi.

«Les complices et les organisateurs (...) se sont planqués et c'est une question d'honneur pour les forces de l'ordre que de curer les égouts et de les sortir à la lumière du jour», a lancé M. Poutine.

Connu pour ses formules à l'emporte-pièce, l'homme fort de Russie s'était engagé en septembre 1999, juste avant le déclenchement du deuxième conflit russo-tchétchène, à «buter les terroristes jusque dans les chiottes».

Plus mesuré dans ses propos, le président russe, Dmitri Medvedev, a suggéré de renforcer la législation sur le terrorisme.

En outre, M. Medvedev a promis de continuer à recourir à la force pour «rétablir l'ordre» dans le Caucase et de «créer des conditions économiques favorables» dans cette région rongée par la pauvreté.

Les attentats commis lundi par deux femmes kamikazes à une quarantaine de minutes d'intervalle dans deux stations de métro ont été attribués par les services spéciaux russes (FSB) à la mouvance rebelle du Caucase du Nord, en proie à l'instabilité et ensanglanté depuis les années 1990 par les deux guerres en Tchétchénie.

«C'est un camouflet aux services spéciaux russes qui doivent lutter contre le terrorisme», a déclaré l'opposant libéral russe Boris Nemtsov sur la radio Echo de Moscou.

«Chaque attentat renforce le pouvoir personnel de Poutine et la censure», a-t-il poursuivi en dénonçant sa politique en Tchétchénie qui vit «d'après ses règles avec de l'argent des contribuables russes».

Des habitants sont venus déposer des fleurs dans les stations de métro visées -- Loubianka et Park Koultoury -- et l'Eglise orthodoxe a célébré une veillée de prières à la mémoire des victimes à la cathédrale du Christ-Sauveur.

L'entrée de la station Park Koultoury est couverte de fleurs. Des jeunes Moscovites allumaient des cierges, certains pleuraient et se signaient. Des listes des morts et des blessés y ont été affichées ainsi qu'une photo d'une jeune femme portée disparue, a constaté une journaliste de l'AFP.

Les drapeaux étaient en berne au cours de cette journée de deuil décrétée par la municipalité.

De son côté, le comité d'enquête du parquet russe a lancé un appel à toute personne ayant été témoin des attentats et mis en place une ligne téléphonique, soulignant que «toute information était importante» pour les enquêteurs, a déclaré son porte-parole, Vladimir Markine.

Une ONG musulmane russe a promis une récompense d'un million de roubles (25.000 euros) pour des informations sur les organisateurs des attentats.

L'enquête a confirmé que les deux femmes kamikazes étaient montées ensemble lundi matin dans une rame de métro, selon des sources de sécurité citées par les médias russes.

Ces deux femmes auraient été entraînées par Saïd Bouriatski, un chef rebelle tué début mars par les forces russes en Ingouchie, république du Caucase russe, et considéré comme «l'idéologue principal» de la rébellion islamiste dans le pays, selon le quotidien Kommersant.

Les attentats n'ont pas été revendiqués, mais l'«Emirat du Caucase», un groupe dirigé par le chef islamiste tchétchène Dokou Oumarov, avait appelé récemment à attaquer Moscou.

En outre, deux femmes et un troisième complice présumé sont recherchés, selon une source au sein des services de sécurité. Les trois ont été filmés par des caméras de surveillance du métro et leurs photos ont été distribuées à tous les services de police.

Selon le ministère des Situations d'urgence, 83 personnes ont été blessées dans ces attaques, parmi lesquelles un Israélien, un Philippin et deux Malaisiens.