Au moins 38 personnes ont été tuées dans un double attentat suicide lundi matin dans le métro de Moscou, le plus meurtrier de ce type depuis 2004 et que les autorités russes ont attribué à deux femmes kamikazes liées à des groupes rebelles du Caucase russe.

«Le bilan est passé à 38» morts, a déclaré à l'AFP une porte-parole du ministère des Situations d'urgence. Le nombre de blessés s'élève à 64, a-t-elle précisé, ajoutant que le bilan ne tenait pas compte des deux femmes qui ont actionné des ceintures d'explosifs dans le métro à l'heure de pointe.

Les dirigeants russes ont vivement réagi après ces attaques, le Premier ministre Vladimir Poutine, qui a écourté un voyage en Sibérie, promettant que les «terroristes» seraient «anéantis».

Revenu à Moscou, M. Poutine s'est rendu dans un hôpital central de la capitale pour voir les blessés qui y avaient été hospitalisés après les attentats, selon un photographe de l'AFP et les agences russes.

Le président Dmitri Medvedev a condamné dans les mêmes termes que son chef du gouvernement ces actes commis selon lui par des «bêtes sauvages».

«Je n'ai pas le moindre doute : nous les retrouverons et ils seront tous anéantis», a déclaré M. Medvedev dans la soirée dans la station de métro Loubianka, après avoir déposé une gerbe de roses rouges sur les lieux du drame.

Plus tôt dans la journée, il a affirmé que la lutte contre le terrorisme était une priorité absolue qui allait être poursuivie «sans compromis et jusqu'au bout».

La première explosion a retenti dans la station Loubianka, à quelques centaines de mètres du Kremlin, à 07h57 locales, un lieu hautement symbolique, cette station desservant le siège du FSB (ex-KGB).

«Tout d'un coup, une femme est sortie du métro et m'a dit qu'il y avait eu une explosion dans le deuxième wagon. Après un homme est sorti en pleurant et en criant 'Dieu merci je suis vivant!'«, a raconté à l'AFP Lioudmila Samokatova, une vendeuse de journaux à la sortie de la station.

La deuxième explosion s'est produite à 08h36 sur la même ligne, à la station Park Koultoury, également dans le centre-ville.

Des fragments des corps de deux femmes considérées comme responsables des explosions ont été retrouvés, selon le comité d'enquête du parquet russe. Elles portaient des ceintures d'explosifs.

Le directeur du FSB, Alexandre Bortnikov, a mis en cause la mouvance rebelle de l'instable Caucase du Nord, ensanglanté notamment depuis les années 1990 par les deux guerres en Tchétchénie.

«Selon la version préliminaire, les attentats ont été commis par des groupes terroristes liés à la région du Caucase du Nord. Nous privilégions cette version», a-t-il déclaré. Ces attentats interviennent alors que les forces russes ont multiplié ces derniers mois les opérations contre les rebelles du Caucase, tuant notamment en mars deux de leurs leaders.

Une source au sein des services de sécurité a indiqué à l'agence Interfax que l'identité des deux kamikazes et celles de deux autres femmes qui les auraient accompagnées jusqu'au métro avant les explosions, avaient été établies grâce à des vidéos de surveillance.

Ces deux femmes, ainsi qu'un troisième complice possible -- un homme -- sont recherchés par la police, selon la même source.

Vers 13h00, les sauveteurs ont commencé à sortir du métro Loubianka les corps des victimes, dans des sacs mortuaires posés sur des civières métalliques, placées ensuite dans une ambulance.

Les accès à la station étaient bloqués par des dizaines d'agents de la police anti-émeutes, tandis qu'à proximité plusieurs dizaines de véhicules de la police et de sauveteurs étaient stationnés.

Le métro de Moscou a ensuite annoncé que depuis 16h55 la circulation était rétablie sur la ligne visée par l'attentat, mais que Loubianka restait fermée au public. Le trafic n'a jamais été interrompu sur les onze autres lignes.

Le maire de Moscou, Iouri Loujkov, a décrété mardi journée de deuil dans la capitale russe. De nombreux dirigeants dans le monde entier ont fermement condamné le double attentat.

Moscou a été frappée plusieurs fois depuis les années 1990 par des explosions mortelles mais le dernier attentat d'ampleur dans le métro moscovite remonte au 6 février 2004. Il avait fait 41 morts et 250 blessés.