Une semaine après la débâcle de sa majorité aux élections régionales, Nicolas Sarkozy s'offre lundi et mardi une courte parenthèse internationale aux Etats-Unis, où il s'affichera pour la première fois avec le président américain Barack Obama à la Maison Blanche.

Attendu et même sollicité depuis des mois, ce rendez-vous ne pouvait pas mieux tomber. Depuis plus d'une semaine, la sévère défaite de sa majorité a réveillé ceux qui, jusque dans son propre camp, critiquent le «style» du chef de l'Etat, jugé un peu trop iconoclaste.

Discours et discussion avec des étudiants de la prestigieuse université Columbia lundi à New York, entretien dans le bureau ovale et conférence de presse aux côtés de son charismatique hôte américain le mardi, ce séjour outre-Atlantique offre à Nicolas Sarkozy une occasion inespérée de redorer rapidement son blason présidentiel.

Cerise «people»

Cerise «people» sur ce gâteau diplomatique, Barack et Michelle Obama ont invité le président français et son épouse Carla Bruni à conclure leur séjour par un dîner à quatre dans leurs appartements privés de la Maison Blanche.

Une «première», «un témoignage d'amitié particulier», se plaît à souligner l'Elysée, qui veut y voir la fin des tensions qui ont parasité les débuts de la collaboration entre les deux dirigeants.

«Un dîner est quelque chose d'intime», confirme un diplomate occidental, «vous invitez un homme d'Etat important à un dîner d'Etat, mais un ami vous l'invitez chez vous».

Sur le fond, la relation entre les deux pays se porte bien, insiste-t-on à Paris et Washington. Les heures sombres de l'intervention américaine en Irak sont oubliées et les deux présidents ne ratent plus une occasion de souligner leur totale «convergence de vues» ou, sur les sujets plus délicats, leur volonté de «travailler ensemble».

Le président français fera d'ailleurs de l'amitié franco-américaine le plat principal de la première prestation de son voyage, lundi matin à l'université Columbia de New York, ville où il est arrivé samedi soir en visite privée.

Travaux pratiques

Dès le lendemain, il passera aux travaux pratiques avec Barack Obama. Sur la plupart des grands dossiers, leur analyse est très proche. De la nécessité de renforcer les sanctions pour empêcher l'Iran d'accéder à l'arme nucléaire à celle de sortir le processus de paix au Proche-Orient de l'impasse.

Les deux présidents veulent aussi profiter de leur rencontre de Washington pour doper leur coopération dans la lutte contre le terrorisme islamique dans les pays africains du Sahel. «Les Américains constatent qu'on connaît la région et veulent qu'on y joigne nos forces», dit-on à Paris.

Les sujets moins consensuels ne seront pas évités. Nicolas Sarkozy veut plaider pour la poursuite des efforts sur la régulation financière, la remise à plat du système monétaire international ou la relance des négociations sur le climat, après la déception de Copenhague.

Pour encourager les Américains sur ce dossier, il rencontrera mardi matin le sénateur démocrate John Kerry, qui porte le projet de législation «verte» américaine, et les espoirs français. «Si les Etats-Unis ne sont pas en mesure d'adopter une loi, alors comment pourrons-nous entraîner la Chine, l'Inde, le Brésil?», plaide l'Elysée.

De son côté, Barack Obama redira à Nicolas Sarkozy que des soldats français supplémentaires seraient les bienvenus en Afghanistan. L'Elysée a déjà fait savoir qu'il essuiera un refus. «Le niveau de nos troupes n'est pas déterminé pour faire plaisir à nos alliés», tranche-t-on à Paris.

Les deux hommes évoqueront le dossier controversé de l'appel d'offres pour la livraison d'avions ravitailleurs à l'armée américaine, jugé déloyal en Europe, dans lequel Airbus hésite à revenir défier Boeing.