Le Premier ministre britannique Gordon Brown doit annoncer dans les jours qui viennent la date des prochaines élections législatives, vraisemblablement fixées au 6 mai, donnant le coup d'envoi d'une bataille très serrée avec l'opposition conservatrice.

«En termes de thèmes de campagne, cela pourrait ne pas être très intéressant mais le résultat va l'être, car personne ne sait ce qui va se passer», explique Robin Pettitt, politologue à la Kingston University de Londres.

Tandis que les conservateurs de David Cameron étaient jusqu'à peu encore crédités d'une avance supérieure à vingt points sur le Labour de Gordon Brown, ce gain s'est réduit comme peau de chagrin au fil des dernières semaines, pour se situer aujourd'hui dans une fourchette de 5 à 8 points.

Deux enquêtes d'opinion, publiées dimanche, créditent ainsi les Tories de respectivement 37% et 39% des intentions de vote, contre 32 et 31% pour le Labour.

Une avance aussi ténue ne permettrait pas au parti gagnant de réunir une majorité absolue de députés, pour la première fois depuis 1974. Et, en vertu du système électoral britannique à un tour, et d'un découpage favorable aux travaillistes, les conservateurs pourraient ne pas obtenir une majorité de députés si leur gain en voix était trop faible.

Le Labour pourrait ainsi poursuivre son long règne (13 ans) mais à condition qu'il trouve des appuis parmi les petits partis, et en priorité chez les libéraux-démocrates au centre-gauche, crédités d'environ 20% des intentions de vote.

Plusieurs responsables gouvernementaux ont laissé échapper que ce scrutin décisif pourrait être organisé le 6 mai. Si tel est le cas, les élections doivent être convoquées au plus tard le 12 avril. Les experts prédisent que cela sera fait avant, probablement le 6 avril, voire dès la semaine prochaine.

Mais la campagne n'a pas attendu le lancement officiel pour déjà battre son plein. Samedi dans un discours très électoral prononcé devant des militants à Nottingham (centre), Gordon Brown a placé «la relance de l'économie» au centre de la bataille.

«Quand les gens demandent quelles sont mes trois priorités pour le pays, je leur dis: rester sur le chemin de la relance, rester sur le chemin de la relance, rester sur le chemin de la relance», a lancé le dirigeant travailliste.

«Assurer la relance de l'économie ou l'anéantir, c'est le choix auquel le pays va faire face dans les semaines à venir», a-t-il ajouté.

Le Royaume-Uni n'est sorti de la récession qu'au dernier trimestre 2009, après six trimestres de contraction, soit après les Etats-Unis, la France, l'Allemagne... Certains experts soulignent de plus les risques de rechute.

Le ministre des Finances Alistair Darling avait lui aussi adopté des accents populaires quand il a présenté mercredi son troisième et dernier budget. Ancré à gauche, il apporte son soutien aux moins nantis, jeunes et chômeurs en particulier, aux dépens des plus riches, demandant au passage un nouvel effort aux banques. Le Chancellier de l'Echiquier est en revanche resté plus évasif sur les moyens de réduire la dette publique (54% du PIB cette année, 75% en 2014/2015), s'attirant les foudres de l'opposition conservatrice.

«L'économie est enlisée, la société est enlisée, tout le pays est enlisé avec Gordon Brown. Et c'est de changement que nous avons besoin... pour faire bouger notre économie, notre pays, notre société», a lancé samedi le leader Tory David Cameron, devant des militants rassemblés à Milton Keynes (sud-est).

Le chef de file des conservateurs a reconnu que la partie n'était pas gagnée face aux travaillistes. «Ca va être une bataille difficile, une bataille serrée», a-t-il admis.