Tel que prévu, c'est l'Alsace, sauvée in extremis par la droite, qui a fait la petite différence.

Au deuxième tour des élections régionales, hier en France, la droite classique - majoritaire au Parlement et «sarkozyste» - a subi une défaite historique, avec environ 36% des voix contre 54% à la gauche.

Par conséquent, 20 des 21 régions de la France «continentale» (Corse exclue) sont restées à gauche, mais avec des majorités comme on n'en avait jamais vues sous la Ve République. En Midi-Pyrénées (Toulouse), le socialiste Martin Malvy obtient 67% des voix. En Poitou-Charentes, l'ex-candidate socialiste à la présidence Ségolène Royal a été triomphalement réélue avec 61% des voix. Ce qui la relance indéniablement sur le plan national.

 

Le Parti socialiste et ses proches alliés ont amélioré de quatre points leur score aux régionales de 2004, qui était déjà triomphal. Même si le taux d'abstention - qui nuisait d'abord à la droite - est repassé de 53 à 49% entre les deux tours, cela n'a pas suffi à sauver les meubles. Sauf en Alsace, région la plus conservatrice du pays, où droite et gauche étaient à égalité au premier tour: la participation en hausse de 5% a donné une forte majorité à la droite.

Du coup, hier soir, les leaders de la droite avaient sur les plateaux de télévision un petit argument à faire valoir: «Martine Aubry (patronne du PS) avait prédit le grand chelem pour la gauche et elle a échoué», a dit le chef de l'UMP (droite), Xavier Bertrand. Maigre consolation.

En réalité, même s'il s'agit d'un scrutin local, situé à mi-mandat présidentiel, au milieu d'une crise économique majeure, et avec une abstention massive, la droite se retrouve à un niveau de faiblesse jamais vu depuis un demi-siècle. Dans la majorité des régions, la gauche est nettement majoritaire. Quand ce n'est pas le cas, le Front national obtient de très bons résultats et la prive de sa victoire: en Provence-Alpes-Côte d'Azur, par exemple, la gauche ne remporte que 42% des voix, mais Jean-Marie Le Pen, qui a pu se maintenir au second tour, obtient environ 25% des voix et prive la droite de sa victoire.

Front national

Dans les 12 régions où il a réussi à se maintenir, le Front national a réalisé hier soir 17% des voix, malgré une organisation électorale quasi inexistante, des budgets de campagne dérisoires, et la désertion de la plupart des vieux barons de l'extrême droite, brouillés avec le vieux chef Jean-Marie Le Pen. À elle seule, sa fille Marine, âgée de 41 ans, peut maintenant reprendre le flambeau, puisqu'elle dépasse les 22% dans le Nord-Pas-de-Calais, région ouvrière par excellence. Pour la droite «parlementaire», le cauchemar de l'extrême droite recommence.

Nicolas Sarkozy, bien qu'il se soit engagé dans la campagne, a prévenu qu'il s'agissait de simples élections «locales». Mais les ministres qui menaient le combat dans 10 régions ont tous été balayés, certains avec des scores humiliants. Des têtes devraient sauter au gouvernement dans les jours qui viennent. De manière à donner, autant que faire se peut, un nouveau souffle au gouvernement de François Fillon, bien affaibli dans la perspective de la présidentielle de mai 2012.