Les autorités françaises et espagnoles ont dû admettre une grave erreur samedi dans l'enquête sur le meurtre d'un policier français, attribué à l'ETA, après avoir confondu de simples pompiers catalans avec les suspects recherchés du mouvement séparatiste armé basque.

Les cinq pompiers, en stage d'escalade en France, avaient été filmés par la vidéo-surveillance alors qu'ils faisaient des courses dans un supermarché de Dammarie-les-Lys, commune de la région parisienne où a été tué mardi soir un brigadier-chef de la police française.

«Nous aurions probablement pu faire mieux», a reconnu le ministre espagnol de l'Intérieur Alfredo Perez Rubalcaba.

La numéro deux du gouvernement espagnol Maria Teresa Fernandez de la Vega a admis une «confusion» concernant cette vidéo, diffusée aux médias vendredi par les autorités françaises et espagnoles dans le cadre d'un appel à témoins.

Elle a assuré que les membres du commando présumé de l'ETA, accusés du meurtre du policier français, seraient retrouvés tôt ou tard. «Nous allons les retrouver, aucune échappatoire n'est possible», a-t-elle dit.

Le policier français avait été tué mardi lors d'une fusillade consécutive à l'interpellation d'un groupe d'individus, qui venaient de voler des voitures.

Au cours de cette opération, la police a arrêté un homme, identifié comme Joseba Fernandez Aspurz, 27 ans, qui a fait état de son appartenance à l'ETA. Cinq autres individus avaient pris la fuite.

C'est la première fois, en plus de 40 ans de lutte armée, que l'ETA est considérée comme responsable de la mort d'un membre des forces de l'ordre françaises.

Alertés par des proches, les pompiers catalans désignés à tort ont contacté la police espagnole qui leur a conseillé de se rapprocher des policiers français. Les pompiers catalans se sont ainsi présentés samedi dans un commissariat de la région parisienne, où ils ont été entendus, avant de regagner Barcelone dans la soirée.

«Si le gouvernement catalan n'était pas intervenu, nous ne serions pas ici maintenant», a déclaré l'un des cinq pompiers, Oscar Llop, à des journalistes à son arrivée à l'aéroport.

Auparavant, l'un des pompiers avait fait part de son mécontentement à la Radio nationale d'Espagne (RNE): «Ce qui me gêne, c'est qu'on nous a vus sur internet, qu'on nous a traités non pas de présumés etarras mais d'etarras. Nous sommes face à une accusation gratuite», avait-il déclaré.

Cette méprise «ne remet absolument pas en cause l'implication de l'ETA dans les faits», a précisé le directeur général de la police française, Frédéric Péchenard. «La personne arrêtée est un militant avéré de l'ETA, il le reconnaît, ses empreintes le désignent, il était en possession d'une arme qui provient du vol à main armée de Vauvert», a-t-il ajouté.

A Vauvert, dans le sud de la France, des membres de l'ETA avaient dérobé 350 armes de poing fin 2006.

Joseba Fernandez Aspurz a été déféré samedi au Parquet de Paris et devait être présenté dans la nuit à un juge d'instruction en vue de son éventuelle mise en examen et placement en détention provisoire.

Le Parquet a ouvert une enquête judiciaire pour homicide aggravé, tentative d'homicide, association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, séquestration, vols avec arme.

Les obsèques du policier, le brigadier-chef Jean-Serge Nérin, 52 ans, auront lieu mardi en présence du président français Nicolas Sarkozy et du chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero.

Nicolas Sarkozy a averti jeudi l'ETA que la France ne serait pas pour elle «une base arrière tranquille», affirmant que la mobilisation contre l'organisation basque serait «totale et sans merci».