Une nouvelle chaîne de télévision nationale a été lancée lundi en Russie pour attirer l'intelligentsia russe qui a déserté ces dernières années un petit écran dominé par le divertissement et des émissions d'information systématiquement favorables au Kremlin.

Avec ses émissions et talk-show politiques, la 5e -une chaîne jusqu'à présent diffusée dans la région de Saint-Pétersbourg- veut séduire les millions de Russes «intelligents», blasés par les chaînes existantes, a expliqué l'un de ses actionnaires, le producteur Alexandre Rodnianski, dans le journal Izvestia.

Dans ce but, Piatyï (5e en russe) a notamment sorti de l'oubli des stars de la télévision des années 1990 qui symbolisent l'époque révolue de la liberté de ton à la télévision russe, comme Svetlana Sorokina qui fut présentatrice du journal télévisée «Vesti» de la chaîne d'État Rossiya.

Mais selon certains experts, la transformation de la chaîne régionale en une chaîne fédérale est un projet politique du pouvoir russe qui se prépare déjà à l'élection présidentielle de 2012.

En effet, le principal actionnaire de la 5e -«Groupe médiatique national» (NMG) qui contrôle également la seule chaîne indépendante Ren-TV et le quotidien pro-Kremlin Izvestia- est dirigé par Iouri Kovaltchouk, un proche du premier ministre Vladimir Poutine.

«L'empire médiatique de M. Kovaltchouk pourrait devenir une ressource médiatique dont Vladimir Poutine pourra se servir pour la prochaine présidentielle», relève l'agence russe Rosbalt.

Le paysage médiatique russe est déjà largement dominé par le pouvoir, à l'exception de quelques journaux et la radio Echo de Moscou.

À l'approche de la présidentielle de 2012, nombre d'analystes estiment que M. Poutine ambitionne de revenir au Kremlin qu'il avait dû laisser à Dmitri Medvedev en 2008, à l'issue de son deuxième mandat consécutif.