La justice française a ordonné vendredi le retrait d'affiches électorales contre l'islamisme du parti d'extrême droite Front national, jugées «anti-musulmanes» par des associations et qui ont entraîné une protestation du gouvernement algérien.

Ces affiches représentent une femme intégralement voilée à côté d'une carte de France recouverte du drapeau algérien sur laquelle se dressent des minarets en forme de missiles, avec en titre «Non à l'islamisme».

Le tribunal de grande instance de Marseille (sud-est) a estimé que «cette affiche provocatrice est constitutive d'un trouble manifestement illicite» et «de nature à provoquer un sentiment de rejet et d'animosité à l'encontre d'un groupe de personnes dont sont visées les pratiques religieuses, les femmes et la nationalité».

Dans son ordonnance dont l'AFP a obtenu copie, le tribunal condamne le FN et son président Jean-Marie Le Pen «à faire procéder à son retrait de tous les supports sur lesquels elle a été placée, de quelque nature qu'ils soient, dans un délai de 24 heures (...) puis sous astreinte de 500 euros par jour de retard».

L'affiche avait été placardée notamment en région Provence-Alpes-Côte d'Azur (sud-est) où M. Le Pen fait campagne comme tête de liste pour les élections régionales des 14 et 21 mars.

La Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) et SOS Racisme avaient saisi la justice contre cette campagne d'affichage qu'elles jugent «anti-musulmane».

Lundi, le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, avait demandé «à l'État français de prendre les dispositions qui s'imposent lorsque des symboles de pays étrangers sont mis à genoux».

Le Front national a exprimé vendredi soir son «indignation» devant la décision du tribunal, qu'il qualifie de «violation gravissime de la liberté d'opinion et de la liberté d'expression» et contre laquelle il annonce qu'il va faire appel.

«Les patriotes sont bâillonnés sur ordre de l'étranger», estime le FN dans un communiqué, demandant aux électeurs «de manifester dimanche dans les urnes leur révolte face à ces méthodes dignes de l'ancienne Union Soviétique».

L'affiche incriminée faisait déjà l'objet d'une plainte depuis Genève, pour violation de la propriété intellectuelle, de la part du concepteur suisse de l'affiche pour le «oui» au récent référendum anti-minarets, car il s'estime plagié.