De violents affrontements ont éclaté entre des jeunes casseurs et des policiers jeudi à Athènes, en marge d'une manifestation contre les mesures d'austérité du gouvernement jeudi. La Grèce était paralysée par une grève générale du public et du privé touchant notamment les médias, transports en communs, avions et services hospitaliers hors urgences.

Lors des incidents, plusieurs centaines de jeunes habillés de noir, casqués et portant des lunettes de ski ont frappé des policiers à moto, en faisant tomber plusieurs, tandis que les forces anti-émeute tiraient des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes pour tenter de disperser la foule.

Un peu plus tôt, des anarchistes avaient lancé des pierres et cocktails Molotov sur la police, cassant à coups de masses les vitrines d'une dizaine de magasins, banques, bijouteries et l'entrée d'un cinéma. Ils ont aussi brûlé des poubelles et une voiture, saccagé des arrêts de bus et arraché des morceaux de marbre de balustrades pour en faire des projectiles.

Les commerçants se dépêchaient de baisser leur rideau au passage du cortège et des hommes d'affaires en costume les yeux irrités par les gaz couraient se mettre à l'abri, alors qu'à quelques pâtés de maisons on continuait de déjeuner aux terrasses des restaurants.

La police a déclaré avoir arrêté au moins neuf émeutiers présumés et compter deux blessés dans ses rangs.

Des incidents moins graves ont également perturbé la manifestation à laquelle participaient environ 14 000 personnes dans le centre de Thessalonique, la deuxième ville du pays, dans le nord.

Plus de 30 000 personnes ont pour leur part défilé contre le plan de rigueur à Athènes. Grévistes et manifestants ont convergé dans le centre de la capitale grecque, aux cris de «pas de sacrifice pour la ploutocratie» ou «de vrais boulots, des salaires plus élevés». Certaines personnes avaient déployé des banderoles depuis leur appartement où on pouvait lire «Plus de sacrifices, la guerre contre la guerre».

La Grèce affrontait sa deuxième journée de grève nationale en moins d'une semaine, à l'appel des deux principaux syndicats du pays qui protestent contre le plan décidé par le gouvernement pour tenter de sortir le pays de sa très grave crise de la dette publique.

La semaine dernière, le gouvernement socialiste de Georges Papandréou, sous la pression de ses partenaires européens inquiétés de voir le déficit public abyssal de la Grèce affaiblir la zone euro, a annoncé des économies de 4,8 milliards d'euros supplémentaires, avec notamment un gel des retraites, une réduction des salaires des fonctionnaires et une hausse des impôts.

Près de 200 policiers en civil, gardes côtes et pompiers se sont rassemblés brièvement avant le début de la manifestation. «La police et d'autres forces de sécurité ont été particulièrement touchés par ces nouvelles mesures parce que nos salaires sont très faibles», a déploré Yannis Fanariotis, secrétaire général d'un syndicat de police. Un policier gagne en moyenne entre 1 000 et 1 200 euros par mois, week-ends et nuits compris.

Participer à la manifestation «n'est pas étrange, parce que nous travaillons comme tout le monde et nous revendiquons pour nos droits», a-t-il ajouté.

Pour les syndicats, ce sont les Grecs qui vont payer un prix disproportionné pour les erreurs de gestion des gouvernements de gauche comme de droite des dernières années. «Ils essaient de faire payer le prix de la crise aux travailleurs», a dénoncé Yannis Panagopoulos, responsable du principal syndicat grec, le GSEE. «Ces mesures ne seront pas efficaces et vont précipiter l'économie dans un gel profond.»