Les coups pleuvent pour les personnes suspectes qui refusent de coopérer avec la police du Monténégro, selon les témoignages recueillis par l'agence du Conseil de l'Europe contre la torture (CPT) et publié mardi à Strasbourg.

Le rapport du Comité pour la prévention de la torture fait état de «nombreux témoignages» relatifs à des mauvais traitements physiques délibérés de la part de la police dans les lieux de privation de liberté.

Lors d'une visite en septembre 2008, les experts du CPT ont recueilli des témoignages accablants. Des personnes affirment avoir été frappées durant leur audition alors qu'elles se trouvaient «menottées et que leur tête avait été coiffée d'un sac».

Le CPT a eu à connaître d'un cas où des policiers ont revêtu un suspect d'un gilet pare-balles avant de la frapper avec une batte de base ball.

Dans deux cas, une arme auraient été placée sur la visage de personnes auditionnées.

«Ces mauvais traitements peuvent s'analyser, selon le rapport, comme étant proche de la torture».

D'autres témoignages font état des gifles et de coup de matraques et de bâtons, l'arsenal classique des mauvais coups déjà dénoncés par le CPT dans une douzaine des 47 Etats membres du Conseil de l'Europe.

Les experts du comité, dont un médecin, ont constaté que des personnes ayant été retenues dans des commissariats de la République du Monténégro portaient des traces de coups.

Elles ont été molestées durant leur audition pour obtenir rapidement des informations ou des aveux. Lorsqu'un suspect collabore rapidement, il n'est pas soumis à ce traitement, ont constaté les experts indépendants du CPT.

S'agissant des prisons, le CPT fait état de violences physiques et verbales inadmissibles dans la section réservée aux détenus en préventive à Podgorica.

Si les conditions matérielles se sont légèrement améliorées ces dernières années, «la surpopulation carcérale fait que les conditions de cohabitation se sont en fait détériorées», ont observé les experts.

Cette situation difficile est encore exacerbée par le fait que les détenus «passent 23 heures sur 24 en cellule», regrette le rapport.

La situation a été jugée meilleure dans la section des détenus condamnés qui bénéficient de plus de mobilité dans la prison.