L'ancien chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic a qualifié, mardi à son procès, de «mythe» le massacre de Srebrenica et affirmé que des bombardements du siège de Sarajevo avaient été «mis en scène» par les Musulmans de Bosnie.

Le procès, qui devait se poursuivre mercredi avec l'audition du premier témoin à charge, a été ajourné sine die pour des raisons de procédure par le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie de La Haye.

Accusé de génocide, crimes de guerre et contre l'humanité, M. Karadzic, qui se défend seul, a évoqué mardi dans sa déclaration liminaire plusieurs épisodes de la guerre de Bosnie qui figurent dans l'acte d'accusation.

Il a ainsi affirmé que le massacre qui fit plus de 7 000 morts parmi les hommes musulmans de l'enclave de Srebrenica (est de la Bosnie) en juillet 1995 était «encore un mythe», dénonçant des «mensonges» et affirmant que le nombre de victimes avait été «exagéré».

«L'expulsion forcée des Musulmans et Croates de Bosnie n'a jamais été notre projet, et nous l'avons encore moins mise en pratique», a assuré M. Karadzic, âgé de 64 ans.

Accusé d'avoir orchestré un «nettoyage ethnique» pendant la guerre de Bosnie, qui a fait 100 000 morts et 2,2 millions de déplacés entre 1992 et 1995, il a rejeté la responsabilité du conflit sur ces deux communautés qui voulaient déclarer leur indépendance de la fédération yougoslave.

«Le comportement des Serbes était une réponse, une réaction», a insisté l'accusé, qui plaide non coupable. Les Musulmans de Bosnie «nous ont forcé la main, nous devions réagir sinon nous aurions été engloutis».

L'ancien président de la République autoproclamée des Serbes de Bosnie a aussi affirmé que les Musulmans avaient «mis en scène» deux bombardements, en 1994 et 1995, du marché de Markale qui ont fait des dizaines de morts pendant le siège de la capitale bosniaque Sarajevo.

«Je suis convaincu qu'il n'y avait peut-être pas de victimes civiles du tout», a poursuivi M. Karadzic, qui doit notamment répondre des tirs et bombardements les troupes bosno-serbes sur Sarajevo, qui firent 10 000 morts civils en 44 mois.

«Nous pouvons prouver qu'ils bombardaient leur propre peuple et qu'ils tuaient leurs propres gens», a-t-il encore dit, accusant l'armée des Musulmans de Bosnie de recourir à ces «ruses» pour pour déclencher l'engagement d'armées occidentales, et notamment de l'OTAN, «à leurs côtés».

«Nous avons toujours dit que nous voulions vivre avec les musulmans, a-t-il lancé, mais nous pouvions accepter de vivre sous un régime fondamentaliste» tel que le souhaitait selon lui le chef des Musulmans de Bosnie Alia Izetbegovic.

M. Karadzic, qui avait boycotté les trois premiers jours de son procès fin octobre 2009 au motif qu'il n'avait pas eu assez de temps pour préparer sa défense, était apparu lundi pour la première fois à son procès, ajourné pendant quatre mois.

Le TPI a une nouvelle fois suspendu son procès mardi après la fin de la présentation de sa défense afin de laisser à la chambre d'appel le temps de statuer sur une nouvelle demande d'ajournement des audiences, au 17 juin, déposée par l'accusé.