La police britannique a annoncé l'arrestation lundi à l'aéroport londonien de Heathrow d'un ancien dirigeant bosniaque, Ejup Ganic, à la suite d'un mandat d'arrêt des autorités serbes qui l'accusent de crimes de guerre.

Ejup Ganic, 63 ans, a été vice-président de la Fédération de Bosnie-Herzégovine durant la guerre en ex-Yougoslavie, de 1992 à 1995. La Serbie a délivré des mandats d'arrêts à l'encontre de 19 anciens dirigeants bosniaques de l'époque, dont Ejup Ganic, pour leur rôle présumé dans une attaque contre un convoi de l'ex-armée yougoslave, qui a fait 40 morts à Sarajevo en 1992. Ganic est soupçonné par la justice serbe du meurtre de soldats blessés en violation de la Convention de Genève.

D'après la police britannique, Ejup Ganic a été arrêté alors qu'il s'apprêtait à quitter la Grande-Bretagne. Selon le ministère britannique des Affaires étrangères, «les autorités serbes doivent à présent fournir tous les documents nécessaires pour étayer leur demande d'extradition, avant qu'une date puisse être fixée pour une audition». Un «juge examinera ensuite» s'il y a des obstacles à une extradition, ajoute le ministère.

La Grande-Bretagne a souligné que l'arrestation d'Ejup Ganic «ne constitue en aucune façon» un jugement «diplomatique ou politique du gouvernement» sur des «événements passés». Les «autorités judiciaires britanniques ont suivi leurs obligations légales», insiste Londres.

Les autorités bosniaques ont vivement réagi à l'arrestation d'Ejup Ganic. «La Bosnie s'est efforcée d'établir des relations correctes avec la Serbie, mais cette décision politique vise manifestement la souveraineté de la Bosnie», a commenté Damir Arnaut, conseiller politique du président bosniaque Haris Silajdzic.

Belgrade, a poursuivi le conseiller, essaie ainsi de diluer les responsabilités pour «les crimes commis pendant la guerre» alors qu'il «est clair que la Serbie en porte seule» le poids.