L'échec des négociations de l'Islande avec les gouvernements britannique et néerlandais sur la banque Icesave accroît les inquiétudes sur l'avenir économique et politique de l'île, à une semaine d'un référendum sur la question où le «non» est grand favori.

Sous perfusion financière internationale, ruinée par l'effondrement de ses banques jadis florissantes, l'Islande prend le risque d'accroître son isolement, de subir une nouvelle crise politique et de dresser un obstacle anglo-néerlandais sur sa route vers l'Union européenne, selon les observateurs.

Dans une note aux investisseurs vendredi, l'agence de notation financière Moody's souligne que «le chemin de la sortie de crise en Islande est désormais plus difficile».

«L'échec des négociations va probablement entraîner des retards dans le programme (d'assistance financière) du Fonds monétaire international, une reprise économique plus faible et potentiellement, une instabilité politique», souligne Moody's, qui envisage de baisser encore sa note sur la dette islandaise.

Jeudi à Londres, les négociations entre l'Islande et les gouvernements britannique et néerlandais, entamées depuis plusieurs semaines par Reykjavik pour éviter un référendum, se sont de nouveau achevées sans accord, à huit jours seulement du scrutin, où le «non» est crédité par les sondages de près de 58% des voix.

La loi Icesave est destinée à rembourser 3,8 milliards d'euros avancés par le Royaume-Uni et les Pays-Bas pour indemniser plus de 320 000 de leurs citoyens lésés par la faillite de la banque en ligne islandaise.

«Il est évident que tant qu'il n'y aura pas d'accord sur Icesave, il est loin d'être certain que tous les pays européens acceptent la candidature de l'Islande», souligne Gunnar Helgi Kristinsson, professeur réputé de sciences politiques à l'université d'Islande.

«Et d'un point de vue local, le dossier Icesave a créé chez les Islandais une hostilité à l'encontre de pays qui étaient autrefois considérés comme amis et entraîné une hausse de l'hostilité à l'UE dans les sondages», ajoute-t-il.

Après avoir annoncé que le référendum aurait bien lieu comme prévu le 6 mars, le gouvernement islandais a tenu à souligner vendredi que les négociations pouvaient selon lui encore aboutir.

«Nous ne pensons pas que les négociations soient bloquées et il y a toujours une possibilité de trouver une solution entre les trois nations», a déclaré la Première ministre Johanna Sigurdardottir.

Mais il ne reste vendredi que huit jours avant le vote, et le premier gouvernement de gauche islandais depuis l'indépendance, arrivé au pouvoir après la démission début 2009 du gouvernement de droite emporté par la crise, va devoir lutter pour ne pas être emporté par la vague d'un «non» après s'être battu bec et ongles pour faire passer un texte.

«Si le référendum a lieu, cela peut bouleverser la donne politique dans le pays. Le gouvernement cherche désormais à éviter le revers politique que le résultat du référendum pourrait entraîner», analyse M. Kristinsson.

Lors des négociations parlementaires sur Icesave à l'automne, Mme Sigurdardottir avait pourtant menacé de démissioner si le texte n'aboutissait pas.

«Pour survivre à un non, le gouvernement, et c'est clairement ce que fait Mme Sigurdardottir, doit essayer de ne pas assumer la responsabilité de la loi qui va être soumise à référendum», avance M. Kristinsson.