La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a invité lundi la Russie à coopérer plus étroitement avec l'OTAN, soulignant que l'Alliance Atlantique ne représentait pas de menace pour Moscou, avec qui au contraire elle partage plusieurs objectifs de défense commun.

«Alors que la Russie fait face à des défis pour sa sécurité, l'OTAN n'en fait pas partie», a insisté la chef de la diplomatie américaine lors d'un discours portant sur l'évolution de l'OTAN au XXIe siècle.

«Nous voulons une relation entre l'OTAN et la Russie qui soit coopérative et produise des résultats concrets et (les) rapproche encore plus», a-t-elle dit, alors que le Kremlin a publié début février une nouvelle doctrine militaire qui place l'OTAN en tête des menaces pesant sur la sécurité de la Russie.

Elle a estimé que les propositions russes de créer un nouveau Traité européen de sécurité et un nouveau Traité entre l'OTAN et la Russie constituent «des idées constructives», tout en répétant l'opposition de Washington à de nouveaux traités.

Selon elle, les structures déjà en place, telle l'OSCE et le Conseil OTAN-Russie (COR), sont pleinement satisfaisantes. «Nous voulons nous servir du COR pour y tenir des discussions franches sur les sujets de désaccord», a déclaré Mme Clinton à la presse.

«Nous allons nous servir (du COR) pour contester l'affirmation de la nouvelle doctrine militaire de la Russie selon laquelle l'élargissement de l'OTAN et ses actions internationales représentent un danger militaire pour la Russie», a-t-elle indiqué en outre.

Cette doctrine dénonce en effet le rapprochement des frontières russes «de l'infrastructure militaire des pays membres de l'OTAN, notamment par la voie de l'élargissement du bloc».

De passage à Washington, le secrétaire général de l'OTAN Anders Fogh Rasmussen a également défendu les visées de l'Alliance. «Je ne pense pas que cette doctrine, cette déclaration corresponde à la réalité, a dit M. Rasmussen.

«L'OTAN n'est pas un ennemi de la Russie, l'OTAN n'a pas la moindre intention d'attaquer la Russie».

Pour la secrétaire d'État, l'Alliance et Moscou devraient se servir du COR pour renforcer leur défense mutuelle.

La Russie et l'OTAN «font face à la même menace des extrémistes et des trafiquants de drogue en Afghanistan», a-t-elle poursuivi, appelant également à «des échanges réguliers d'informations» sur les doctrines et les exercices militaires prévus.

Mme Clinton a défendu l'instauration de «mesures spécifiques» qui permettrait à chacun d'«autoriser (l'autre) à assister à (ses) exercices militaires et à visiter des installations militaires nouvelles et améliorées».

Quant à l'expansion de l'Alliance, la chef de la diplomatie américaine a été claire, quitte à faire grincer à nouveau les dents des Russes: «Nous étions satisfaits de voir l'Alliance accueillir l'Albanie et la Croatie l'année dernière. Et il ne peut y avoir de doutes que l'OTAN va continuer à garder sa porte ouverte à de nouveaux membres.»

Comme on lui demandait si elle estimait que la Russie pourrait un jour rejoindre le bloc, Mme Clinton a dit «pouvoir l'imaginer».

«Mais je ne suis pas sûr que les Russes puissent l'imaginer».