Le Premier ministre ukrainien, Ioulia Timochenko, a demandé vendredi aux juges d'invalider la victoire «malhonnête» à la présidentielle de son adversaire, le pro-russe, Viktor Ianoukovitch, au cours de la première audience de la Cour suprême administrative.

«L'élection présidentielle 2010 a été malhonnête», a lancé Mme Timochenko, revêtue d'une robe noire, devant 49 juges qui examinent son recours et plusieurs dizaines de caméras du monde entier.

Dans un discours véhément de plus d'une heure, elle a énuméré les violations comme «la corruption» des électeurs, la présence de morts sur les listes électorales et le vote massif à domicile qui est très difficile à contrôler.

«Il n'y a pas eu moins de fraudes qu'en 2004» lorsque la victoire de Viktor Ianoukovitch avait été annulée par la justice pour des falsifications qui s'étaient soldées par des actions de protestation massives baptisées Révolution orange, a-t-elle affirmé.

Mme Timochenko a toutefois déclaré qu'elle accepterait la décision de la Cour si l'examen était «objectif».

Environ 300 de ses partisans se sont réunis devant le siège de l'instance pour soutenir celle qui fut l'égérie de la Révolution orange et qui refuse de reconnaître sa défaite bien que les observateurs internationaux aient jugé le un scrutin libre et transparent.

Face à eux, le Parti des régions de M. Ianoukovitch a rassemblé environ un millier de ses partisans, et plusieurs députés de ce camp ont tenu à assister à l'audience.

La Cour administrative suprême, en acceptant d'étudier le recours, a suspendu «la décision de la Commission électorale centrale proclamant le résultat du deuxième tour de la présidentielle», mais elle ne s'est pas opposée à la tenue le 25 février de l'investiture à la présidence de M. Ianoukovitch.

Le Parti des régions a, quant à lui, accusé vendredi Mme Timochenko et ses proches de faire pression sur les juges de la Cour et de fabriquer des falsifications électorales.

«Timochenko continue d'enfreindre la Constitution de manière désinvolte et cynique. Elle a fait venir au gouvernement les juges de la Cour administrative suprême et, en tant que Premier ministre, elle a fait pression sur eux», a accusé le mouvement de M. Ianoukovitch dans un communiqué.

Le vice-Premier ministre, Olexandre Tourtchinov, «a ordonné au vice-ministre de l'Intérieur, Mykhaïlo Kliouev, de fabriquer les preuves de fraudes présumées», poursuit le Parti des régions.

Mme Timochenko, à qui il a manqué près de 900.000 voix pour être élue, déclare disposer de vidéos, de photos et de documents prouvant ces fraudes, et réclame dès lors l'invalidation du «protocole de la Commission électorale centrale qui proclame le résultat officiel de l'élection».

Mais, selon les experts, Mme Timochenko devrait échouer et Viktor Ianoukovitch deviendra le quatrième président ukrainien depuis l'indépendance du pays en 1991, succédant au pro-occidental Viktor Iouchtchenko, qui cinq ans plus tôt l'avait privé de la magistrature suprême.

Le président russe Dmitri Medvedev, qui considère déjà M. Ianoukovitch comme son homologue, a demandé jeudi au service des douanes d'examiner l'adhésion de l'Ukraine à l'union douanière entre la Russie, le Bélarus et le Kazakhstan.

«J'espère que le nouveau président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, tentera de renforcer les relations économiques et commerciales avec la Russie (...) cela correspond pleinement aux intérêts des consommateurs ukrainiens», a-t-il déclaré.

Les relations russo-ukrainiennes se sont considérablement dégradées depuis 2005 sous la présidence de M. Iouchtchenko.