Une des plus grandes opérations de déminage jamais organisée en France pour une bombe de la Seconde Guerre mondiale, sans doute larguée le jour du débarquement allié en Normandie, a entraîné dimanche l'évacuation de quelque 20 00 personnes à Caen (nord-ouest).

L'engin, une bombe américaine de 500 kg dont 265 d'explosifs, a été retrouvé fin janvier en plein centre-ville, à l'occasion d'un chantier sur le campus universitaire. Pour le neutraliser, il a fallu fermer une zone de 800 mètres de rayon, les habitants concernés devant quitter leur logement entre 09H00 et 17H00.

«L'évacuation de la population et en particulier des gens les plus fragiles a démarré», a indiqué à l'AFP Stéphane Travert, chef de cabinet du député-maire de Caen Philippe Duron.

L'évacuation concerne plus de 15% de la population de la ville. Sous la grisaille et quelques flocons de neige, des habitants ont afflué en navette ou par leurs propres moyens vers le Centre des congrès aménagé pour les recevoir.

Les alliés ont déversé plus de 10 000 tonnes de bombes pour raser et libérer Caen à l'été 1944. Près de 1 200 civils sont morts dans les bombardements, selon les historiens.

La bombe, qui a provoqué l'évacuation dimanche, a «très vraisemblablement» été larguée le 6 juin 1944, jour du débarquement sur les plages de Normandie, lors du premier bombardement allié, le plus meurtrier, avec 500 morts, car «il a surpris les gens en train de manger vers 13H30», selon un professeur de l'université de Caen, Jean Quellien. Lors des bombardements suivants, la population put se réfugier dans des abris.

Dimanche, deux démineurs devaient opérer pendant 45 à 90 minutes. «Il s'agit de retirer un tube de la longueur d'un doigt qu'on va dévisser à la main», a expliqué le patron du déminage pour plusieurs départements de la région, Jean Marzolini. La base de la bombe étant voilée, le désamorçage à distance est exclu.

Dès l'aube, des barrages ont été installés et dans la matinée un hélicoptère de la Sécurité civile tournoyait autour de la zone évacuée.

À Caen, siège du Mémorial de la Seconde Guerre mondiale, une bombe de cette époque est désamorcée tous les cinq ans environ.

Dans la région, Brest (ouest), touché par des bombardements dès 1940, a connu trois opérations de déminage l'an dernier.