Le gouvernement italien a approuvé définitivement mercredi le décret sur les modalités de retour au nucléaire, mais l'opposition à l'atome reste vive dans la péninsule qui y avait renoncé il y a plus de vingt ans par référendum après la catastrophe de Tchernobyl.

«Le conseil des ministres a approuvé de manière définitive le décret qui détermine le parcours à suivre pour relancer le nucléaire», a indiqué dans un communiqué le ministère du Développement économique.

La construction des centrales démarrera en 2013 et leur mise en service est prévue en 2020.

Le Parlement avait adopté la loi sur le nucléaire l'été dernier, mais le gouvernement devait encore fixer de nombreux critères.

Le décret détermine les «critères généraux» de localisation des futures centrales, la question la plus épineuse. Ils devront ensuite être détaillés par l'agence de la sécurité nucléaire et les entreprises choisiront les sites sur cette base.

Le décret impose par ailleurs aux entreprises qui gèreront les centrales de financer leur démantèlement et prévoit la création en Italie d'un dépôt et d'un centre de traitement des déchets.

Le gouvernement a ensuite prévu des mesures de compensation économique (baisses d'impôts, énergie moins chère...) pour les zones qui accepteraient d'accueillir une centrale.

Et il promet que tout se fera avec «une large participation des régions, des collectivités locales et de la population à travers des consultations».

Mais malgré ces promesses de «transparence», le programme nucléaire fait face à une vive opposition dans la Péninsule et promet d'être un des dossiers «chauds» des élections régionales de la fin mars alors que le conflit est ouvert sur ce sujet entre les régions et le gouvernement.

Onze régions sur vingt ont déposé un recours contre le programme nucléaire auprès de la Cour constitutionnelle. Mais le gouvernement s'est défendu en attaquant à son tour la semaine dernière devant la Cour constitutionnelle trois régions de gauche (Pouilles, Campanie et Basilicate) ayant adopté des lois interdisant la construction de centrales sur leur territoire.

«Il est temps d'en finir avec les mensonges aux Italiens. Berlusconi doit dire la vérité sur le nucléaire et les lieux où il entend construire les nouvelles centrales», a dénoncé Ermete Realacci, responsable de l'économie verte au sein du Parti Démocrate (gauche).

Selon un récent sondage de l'institut Demopolis auprès de 1.002 personnes, seuls 37% des Italiens sont favorables à la construction d'une centrale dans leur région et 53% sont contre.

Même au sein de la majorité, le nucléaire peut poser problème. Le ministre de l'Agriculture Luca Zaia, candidat de la droite aux régionales en Vénétie (nord-est), y est favorable... mais juge «très difficile» de construire une centrale dans sa région.

Le président de la Lombardie, candidat à une réélection, Roberto Formigoni (centre-droit) a affirmé que sa région, pourtant très consommatrice d'énergie, est «proche de l'autosuffisance et n'a donc pas besoin de centrales pour le moment».

Le retour au nucléaire est un axe phare du gouvernement de Silvio Berlusconi, qui entend ainsi atténuer la dépendance énergétique vis-à-vis de l'étranger et faire baisser le prix de l'électricité.

Rome s'est fixé pour objectif de produire d'ici à 2030 25% de ses besoins en électricité grâce au nucléaire.

Le français EDF et l'italien Enel se sont alliés l'an dernier pour construire quatre réacteurs EPR, technologie développée par le groupe français Areva. Mais le gouvernement italien entend également utiliser les technologies américaines ou japonaises.