Gordon Brown et Barack Obama ont salué vendredi l'avènement d'une nouvelle ère en Irlande du Nord, après la conclusion d'un accord entre les partis catholique et protestant qui lève le dernier obstacle à l'application complète du processus de paix lancé en 1998.

Le premier ministre britannique a annoncé que le transfert effectif de Londres vers Belfast des pouvoirs de justice et de police, au coeur d'âpres négociations depuis deux semaines entre les catholiques du Sinn Fein et les protestants du DUP, commencerait à partir du 12 avril.

«Nous fermons le dernier chapitre d'une histoire longue et troublée et nous ouvrons un nouveau chapitre pour l'Irlande du Nord», a déclaré M. Brown en présentant les détails de l'accord lors d'une conférence de presse, au côté du premier ministre irlandais Brian Cowen et des représentants des partis locaux.

Il a précisé que le gouvernement britannique fournirait 800 millions de livres pour financer ce transfert.

Le président américain Barack Obama a remercié MM. Brown et Cowen pour leurs contributions à cet «accord historique» qui «constitue une étape importante sur la voie d'une meilleure paix et prospérité pour toutes les communautés sur l'île», selon la Maison Blanche.

Celle-ci a également annoncé que M. Obama recevrait les premiers ministres irlandais et nord-irlandais le 17 mars à l'occasion de la Saint-Patrick.

«Cet accord est le signe le plus sûr que nous ne retournerons pas aux jours sombres du passé», a pour sa part déclaré le premier ministre d'Irlande du Nord, Peter Robinson, dont le Parti unioniste démocrate (DUP) s'est rallié finalement jeudi soir à l'accord.

Gerry Adams, le président de Sinn Fein, a salué «une chance merveilleuse et un nouvel esprit nous permettant à tous d'avancer».

L'unioniste Peter Robinson et son vice-premier ministre républicain Martin McGuinness, ancien chef de l'Armée républicaine irlandaise (IRA), ont cependant refusé une invitation à échanger une poignée de main symbolique devant les journalistes, après deux semaines de négociations intenses.

Le Sinn Fein et le DUP gouvernent ensemble l'exécutif régional depuis 2007, assumant de nombreuses prérogatives dans des domaines tels que l'éducation ou la santé, mais les pouvoirs de police et de justice, politiquement sensibles, restaient supervisés par Londres.

L'accord prévoit la création d'un poste de ministre de la Justice, qui se verra confier la responsabilité de la police et de la justice dans la province.

Ce poste devrait initialement aller à un représentant d'un petit parti intercommunautaire.

Un poste d'«attorney general» -qui fait office de principal conseiller juridique de l'exécutif régional- sera également créé.

La police nord-irlandaise a déjà été largement réformée après la disparition de la Royal Ulster Constabulary (RUC) qui était formée essentiellement par des policiers protestants et qui était haïe des militants républicains. La nouvelle force de police PSNI comprend près d'un quart de policiers catholiques.

L'accord prévoit aussi un compromis sur les traditionnelles parades protestantes «orangistes», qui occasionnent régulièrement des heurts entre les deux communautés.

Un échec des négociations aurait pu déboucher sur de nouvelles élections dans la province à l'équilibre politique fragile et provoquer un coup d'arrêt du processus de paix, qui a mis fin à trois décennies de violences intercommunautaires avec un bilan d'au moins 3500 morts.

Peter Robinson, qui avait mis provisoirement ses fonctions entre parenthèses suite à une enquête interne sur des malversations présumées dans un retentissant scandale politico-sexuel impliquant son épouse, a repris son poste mercredi, après avoir été blanchi de toute malversation.