La France est déterminée à interdire le voile islamique intégral et s'oriente vers l'adoption d'un ensemble de textes pour parvenir à cet objectif, dont une résolution solennelle du Parlement, a fait savoir hier le premier ministre François Fillon.

«La position du gouvernement a été exprimée par le président de la République (Nicolas Sarkozy): la burqa n'est pas la bienvenue en France», a déclaré François Fillon, lors d'une réunion à huis clos de députés UMP, selon plusieurs témoins.

 

Le premier ministre a affirmé que l'interdiction de la burqa ou niqab devait d'abord «passer par une résolution», c'est-à-dire une déclaration de principes du Parlement. À ce texte non contraignant, s'ajouteraient d'autres textes permettant l'application de ces principes.

L'interdiction du port du voile intégral «doit passer par une résolution suffisamment ferme pour fixer les principes ainsi que des textes législatifs et des décisions réglementaires pour appliquer ces principes», a-t-il dit.

Sans renoncer à bannir le niqab, le gouvernement écarte ainsi l'option d'une loi globale d'interdiction du voile islamique dans l'espace public.

Selon certains experts, l'adoption d'un tel texte ne rencontrerait aucun consensus au sein de la classe politique française, dans l'ensemble opposée à une telle loi, mais serait aussi considérée comme portant atteinte aux libertés individuelles et sans doute remise en cause par le Conseil constitutionnel français ou par la Cour européenne des droits de l'homme.

Pour l'historien Patrick Weil, la tradition laïque française fait la distinction entre «l'espace politique, de l'État» qui doit être «neutre» et celui de «la rue, qui est un espace public commun, qui est celui de la plus grande liberté».

Selon des chiffres officiels, il y a en France moins de 2000 femmes portant le voile intégral. Mais le thème de la burqa s'inscrit dans un débat plus général, depuis quelques mois en France, sur l'immigration, l'identité nationale et la place de l'islam dans la société.