Des scanners corporels vont immédiatement être mis en service à l'aéroport d'Amsterdam pour contrôler les voyageurs en partance pour les Etats-Unis, après l'attentat avorté du 25 décembre contre le vol Amsterdam-Detroit, a annoncé mercredi la ministre néerlandaise de l'Intérieur.

«On peut dire sans exagérer que le monde a échappé à une catastrophe», a déclaré Giuusje Ter Horst, attribuant la tentative terroriste à Al-Qaeda, lors de la présentation des résultats de l'enquête à la presse à La Haye. Ce projet a été préparé de façon «professionnelle» mais mis à exécution avec «amateurisme», a-t-elle dit.

Arrivé de Lagos vendredi, Umar Farouk Abdulmutallab, un Nigérian 23 ans, a passé les contrôles de l'aéroport Schiphol d'Amsterdam -rayons X pour son bagage à main et portique de détection des métaux pour lui- en transportant sur lui une petite quantité d'explosifs qu'il a tenté d'allumer peu avant l'atterrissage de l'avion de la Northwest Airlines à Detroit. Il s'est brûlé et a été maîtrisé par des passagers et des membres de l'équipage. L'avion transportait 278 passagers et 11 membres d'équipage.

Le jeune homme a semble-t-il assemblé dans les toilettes de l'avion la partie explosive, qui contenait 80 grammes de puissant pentrite, et a voulu la faire détonner avec une seringue contenant des produits chimiques. Il est détenu dans une prison près de Détroit.

Selon la ministre de l'Intérieur, le contrôle de sécurité à l'embarquement n'avait permis d'«identifier aucun élément suspect qui aurait justifié de classer la personne impliquée parmi les passagers à haut risque».

En ce qui concerne les scanners corporels, Mme Ter Horst a affirmé que les autorités américaines s'opposaient auparavant à leur utilisation pour des raisons de protection de la vie privée mais qu'elles avaient maintenant donné leur accord pour que «toutes les mesures possibles soient prises pour les vols à destination des États-Unis».

Le scanner corporel révèle l'anatomie de la personne et ce qu'elle porte sous ses vêtements. La Grande-Bretagne, qui a expérimenté ce dispositif notamment dans la gare de Paddington à Londres et dans les aéroports de Heathrow et Manchester, a dispensé les moins de 18 ans car l'affichage de leur appareil génital sur l'écran de l'ordinateur de contrôle enfreindrait la loi contre la pornographie enfantine. Mais un nouveau logiciel permet désormais d'obtenir une image stylisée du corps sur laquelle on peut distinguer les objets suspects.

L'aéroport de Schiphol dispose de 15 de ces appareils, qui coûtent chacun plus de 200 000 dollars (140 000 euros), mais ni l'Union européenne, ni les États-Unis n'en ont approuvé l'utilisation permanente dans les aéroports européens. Quarante de ces machines sont en revanche en service dans au moins 19 aéroports aux États-Unis, remplaçant pour six d'entre eux le passage par le portique détecteur de métaux.

Le Parlement européen s'est opposé à une large majorité à l'utilisation des scanners corporels l'an dernier et a demandé des études supplémentaires, en autorisant Schiphol à mener des essais sur les vols européens.