Silvio Berlusconi, lui-même victime d'une attaque le 13 décembre, a appelé vendredi à «arrêter la haine et l'extrémisme» après la spectaculaire agression contre le pape Benoît XVI, dont l'assaillante a assuré qu'elle ne voulait «pas lui faire de mal».

«Il faut vraiment arrêter cette fabrique de mensonge, d'extrémisme et même de haine», a déclaré le chef du gouvernement italien en commentant l'agression du pape dans un entretien au téléphone avec la chaîne de télévision TG1.

Benoît XVI avait été jeté à terre par une femme -présentée comme une déséquilibrée- jeudi soir au début de la messe de minuit.

Silvio Berlusconi avait, quant à lui, été la cible d'un homme souffrant de troubles mentaux qui lui avait jeté une réplique de la cathédrale de Milan en plein visage.

Tous ses alliés avaient à cette occasion dénoncé un «climat de haine», mais depuis l'agression, le Cavaliere avait lui-même reconnu que l'atmosphère s'était détendue.

De son côté, l'assaillante du pape, une Italo-Suisse de 25 ans, Susanna Maiolo, a déclaré à ses médecins qu'elle «ne voulait pas lui faire de mal», selon la version électronique du quotidien La Repubblica.

Elle avait tenté le même geste l'an dernier à la messe de minuit, mais avait été interceptée à temps.

«Il n'est rien arrivé de grave. Il s'agit d'une femme qui a tenté de saluer le Saint-Père», a assuré le président de la conférence épiscopale italienne (CEI), le cardinal Angelo Bagnasco.

Interrogé sur d'éventuelles poursuites judiciaires, le père Federico Lombardi, porte-parole du pape, a affirmé que la justice du Vatican était «en général très clémente».

On ne peut pas protéger le pape à 100%, sauf en créant un mur entre lui et les fidèles, ce qui est «impensable», a-t-il ajouté. Sur un éventuel renforcement du dispositif de sécurité, il a affirmé à l'AFP qu'il revenait aux «responsables de chaque service de voir s'il faut prendre ou non des précautions supplémentaires».

Pour sa part, le pape qui avait célébré la messe de minuit normalement malgré l'incident, a respecté à la lettre son programme de Noël.

Il est apparu souriant aux dizaines de milliers de fidèles rassemblés sur la place Saint-Pierre baignée de soleil, avant de donner sa bénédiction urbi et orbi (à la ville et au monde). Acclamé par la foule dès son apparition au balcon, il a été applaudi avec ferveur et enthousiasme tout au long de son message.

Dans son message, Benoît XVI a appelé à «l'accueil» de «ceux qui émigrent de leur terre et qui sont poussés au loin par la faim, par l'intolérance ou par la dégradation environnementale».

Il a aussi affirmé que la société était actuellement «profondément marquée par une grave crise économique, mais d'abord encore morale, et par les douloureuses blessures de guerres et de conflits».

Le pape a fait un tour de toutes les crises que connaît la planète en partant de la Terre sainte, où, conformément à la tradition chrétienne, est né Jésus. Il a appelé à «abandonner toute logique de violence et de vengeance» et à «s'engager» avec «vigueur» et «générosité» sur «le chemin d'une coexistence pacifique».

Par l'intermédiaire des télévisions du monde entier, Benoît XVI a ensuite souhaité une heureuse fête de Noël à tous les peuples en 65 langues.

Au moment de la bousculade, le cardinal français Roger Etchegaray, 87 ans, est également tombé et s'est cassé le col du fémur. Il a été admis à l'hôpital à Rome et son état est satisfaisant, a précisé le père Lombardi.

Il ne s'agit pas de la première agression contre Benoît XVI. En 2007, un Allemand de 27 ans, lui aussi «déséquilibré», avait tenté de sauter dans sa voiture découverte place Saint-Pierre.

Cet incident avait remis en mémoire l'attentat commis dans des circonstances similaires en 1981 contre Jean Paul II.